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PÉRET BENJAMIN (1899-1959)

De Benjamin Péret, Eluard a dit un jour : « Péret est un plus grand poète que moi. » Celui qui, depuis l'origine du groupe surréaliste, fut, jusqu'à sa mort, le plus fidèle compagnon de route d'André Breton a ignoré et méprisé les compromis tout au long d'une existence d'homme libre, consacrée entièrement à la révolution et à la poésie. Adepte de la révolution sociale et politique, il l'est dans la mesure où « le poète lutte contre toute oppression » (Le Déshonneur des poètes, 1945) ; mais il refuse avec énergie toute inféodation de la poésie, fût-ce à une politique révolutionnaire. Ce n'est pas au poète d'être au service de la révolution, mais à la révolution, en détruisant l'oppression, de permettre aux masses humaines d'abreuver leur « soif d'irrationnel ». Ennemi inconditionnel de notre société « tarifant le soleil et la mer » (La parole est à Péret, 1943), le poète doit « prononcer les paroles sacrilèges et les blasphèmes toujours permanents » (Le Déshonneur...). « Le poète actuel n'a pas d'autre ressource que d'être révolutionnaire ou de ne pas être poète. » La révolution faite, il pourra créer les mythes positifs au milieu de la collectivité : la poésie doit être faite par tous, non par un. Tout cela explique la passion de Péret pour les civilisations exotiques ou disparues, préférables à notre société barbare (cf. Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d'Amérique, 1942). Les peuples dits primitifs l'intéressent parce qu'ils vivent de merveilleux poétique et de magie, « la chair et le sang de la poésie » ; l'homme des anciens âges use du langage de manière surréaliste car il ne sait penser que sur le mode poétique. L'édition complète des œuvres de Benjamin Péret (seuls sont parus deux volumes de poésies intitulés Œuvres complètes, Paris, 1970-1971) permettra sans doute de découvrir quel poète total il fut : poésie généreuse, qui saisit le merveilleux quotidien, les choses par leur secret, qui aime le monde, les hommes, l'amour avec sa belle violence : Je voudrais être / Car sans toi je suis à peine à l'interstice entre les pavés des prochaines barricades (Feu central).

— André LAUDE

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Pour citer cet article

André LAUDE. PÉRET BENJAMIN (1899-1959) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SURRÉALISME - Histoire

    • Écrit par Ferdinand ALQUIÉ, Pierre DUBRUNQUEZ
    • 11 416 mots
    • 3 médias
    ...er décembre 1924, un nouvel organe de diffusion des travaux du groupe, La Révolution surréaliste, se substitue à Littérature. Pierre Naville et Benjamin Péret, ses codirecteurs, donnent le ton d'une publication à l'aspect aussi sévère que celui d'un bulletin scientifique, mais dont la charge d'expériences...

Voir aussi