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JUÁREZ BENITO (1806-1872)

Homme politique mexicain d'origine indienne né le 21 mars 1806 à San Pablo Guelatao (Oaxaca, Mexique), mort le 18 juillet 1872 à Mexico.

Benito Juárez García se lance dans des études de droit et de sciences en 1829. Diplômé en 1831, il devient conseiller municipal. D'une honnêteté irréprochable, il n'utilise jamais sa fonction à des fins personnelles et conserve un train de vie modeste. La politique devient rapidement sa vocation : il est député, puis juge en 1841, et gouverneur de l'État d'Oaxaca en 1847.

Libéral, Juárez pense redresser l'économie en mettant fin au monopole de l'Église catholique et de l'aristocratie terrienne et en développant le capitalisme. Il est également convaincu que la stabilité politique ne peut venir que de l'adoption d'un gouvernement constitutionnel fonctionnant dans le cadre d'un système fédéral.

Le retour au pouvoir des conservateurs lors des élections de 1853 empêche la mise en place des réformes imminentes. Comme de nombreux libéraux, Juárez fuit le gouvernement de Santa Anna et s'exile à la Nouvelle-Orléans jusqu'à ce que les libéraux reviennent au gouvernement en 1855. Il quitte alors les États-Unis pour rejoindre le cabinet de Juan Álvarez en tant que secrétaire d'État à la justice et à l'enseignement.

Les libéraux mettent en œuvre trois grandes réformes, soutenues par Juárez. Ce dernier élabore une loi abolissant les tribunaux réservés aux ecclésiastiques et aux militaires. En juin 1856, le gouvernement promulgue la Ley Lerdo, loi qui oblige l'Église à vendre ses biens. En brisant ces vastes propriétés foncières, le gouvernement espère permettre à de nombreux Mexicains d'acquérir des terres et créer ainsi une classe moyenne afin de stabiliser le pays. Enfin, une Constitution libérale est promulguée en février 1857.

La même année, Ignacio Comonfort est élu président. Nommé président de la Cour suprême, Juárez devient de fait vice-président du Mexique, conformément à la Constitution. Lorsque les conservateurs chassent Comonfort en janvier 1858, Juárez est ainsi en droit de prétendre à la présidence. Faute de soldats pour contrôler la région de Mexico, il se retire à Veracruz, dans l'est du pays. Extrêmement tenace et autonome, il parvient à maîtriser son gouvernement malgré de sérieuses difficultés.

Le clergé soutenant les conservateurs, Juárez adopte plusieurs lois pour limiter son pouvoir. Il nationalise ainsi les biens de l'Église et les cimetières, instaure des registres de naissance et de mariage civils, sépare l'Église de l'État et garantit la liberté religieuse.

À la fin de l'année 1860, les conservateurs sont affaiblis et, en janvier 1861, Juárez rentre à Mexico, où il est constitutionnellement élu président. Il se heurte cependant à de multiples problèmes : l'opposition est intacte, le nouveau Congrès se méfie de lui et les caisses de l'État sont presque vides. En juillet 1861, Juárez suspend donc le remboursement de la dette extérieure pour deux ans. L'Angleterre, l'Espagne et la France décident d'intervenir, faisant débarquer leurs troupes à Veracruz en janvier 1862. Les deux premiers pays se retirent néanmoins lorsqu'ils comprennent que Napoléon III veut conquérir le Mexique et le placer sous l'autorité de l'archiduc d'Autriche Maximilien. Après une défaite à Puebla le 5 mai 1862, la France parvient à occuper Mexico en juin 1863. Maximilien est couronné empereur du Mexique dès 1864.

Forcé de quitter à nouveau la capitale, Juárez se retire avec le gouvernement dans le nord du pays. Face à la résistance mexicaine, à la pression accrue des États-Unis et aux critiques de la métropole, Napoléon rappelle ses troupes au début de l'année 1867. L'empereur est rapidement capturé et exécuté.

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Écrit par

  • : ancien professeur d'histoire à l'université du Missouri, campus de Columbia
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Walter V. SCHOLES. JUÁREZ BENITO (1806-1872) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • EMPIRE SECOND (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 12 843 mots
    • 9 médias
    ...le soutien de l’armée française, celle-ci se retire en février 1867, le mettant à la merci de la guérilla menée par les partisans du dirigeant évincé, Benito Juárez, et soutenue par les États-Unis depuis 1865. Rapidement débordé, Maximilien est exécuté par les juaristes le 19 juin 1867 à Queretaro. Il...
  • MEXIQUE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Henri ENJALBERT, Universalis, Roland LABARRE, Cécile LACHENAL, Jean A. MEYER, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, Philippe SIERRA
    • 33 396 mots
    • 18 médias
    ...perdit la vie dans l'aventure qui aurait pu tourner autrement. De toute manière, les conservateurs auraient été perdants : Maximilien était libéral comme Juárez, chef de ses adversaires, incarnation de la résistance. Dans les premiers temps de l'intervention française, la victoire de l'empire semblait certaine...
  • PUEBLA BATAILLE DE (5 mai 1862)

    • Écrit par Universalis
    • 252 mots

    Épisode de l'expédition du Mexique, cette bataille mit aux prises l'armée du gouvernement libéral de Benito Juarez aux troupes françaises envoyées par Napoléon III, dont la mission était de créer un État sous influence française au Mexique. La commémoration de cette victoire mexicaine dans...

Voir aussi