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BEL-AMI, Guy de Maupassant Fiche de lecture

Maupassant - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Maupassant

Publié chez Havard en 1885 après avoir paru quelques mois plus tôt en feuilleton dans la revue Gil Blas, Bel-Ami est le deuxième des six romans de Guy de Maupassant (1850-1893). Le premier, Une vie (1883), était le récit d'un lente et inexorable déchéance ; Bel-Ami est celui d'une réussite fulgurante. Mais quelle réussite ! Celle d'un « aventurier affamé d'argent », corrompu à l'image de la société qu'il sert et dont il se sert. Si le livre fut un succès public, la presse l'accueillit plutôt froidement – il est vrai que la cible principale en était précisément le milieu journalistique –, reprochant sa noirceur excessive à ce roman peuplé de « crapules » et hanté par la mort.

Naissance d'un arriviste

Georges Duroy, jeune provincial d'origine modeste, ancien sous-officier des hussards monté à Paris pour y chercher fortune, erre sur les grands boulevards, avec trois francs quarante en poche. Il rencontre Charles Forestier, un ancien camarade de régiment, rédacteur à La Vie française, le journal du banquier Walter. Présenté à celui-ci, Duroy reçoit la commande de plusieurs articles, que lui rédige Madeleine Forestier, la femme de son ami. Grâce à la protection du couple, et à son pouvoir de séduction sur les femmes, le jeune homme fait rapidement carrière. Entretenu un temps par Mme de Marelle, sa maîtresse, conseillé par Madeleine, qu'il tente en vain de séduire, introduit par Mme Walter, que flattent ses avances, Bel-Ami, ainsi que l'a surnommé Laurine, la fille de Mme de Marelle, ne tarde pas à gravir les échelons au journal, où il obtient la place de chef des échos.

À la mort de Forestier, Duroy, devenu le baron Du Roy de Cantel, épouse Madeleine, avec qui il conclut un pacte d'alliance, ce qui ne l'empêche pas de lui extorquer la moitié d'un héritage. Grâce aux indiscrétions de Mme Walter, il gagne une somme considérable à la Bourse. Mais c'est la fortune de son patron qu'il vise désormais. Après avoir contraint Madeleine au divorce, il séduit Suzanne, la plus jeune fille du banquier, qu'il enlève, et finit par obtenir de force le consentement de son père. Le mariage triomphal, qui clôt le roman, laisse présager une brillante carrière politique.

Linéaire, le récit n'en révèle pas moins une structure signifiante forte. Dans une première partie, Duroy fait son apprentissage, et découvre la sordide réalité de la haute société parisienne. La seconde période s'ouvre après la mort de Forestier : au constat passif et aux entreprises désordonnées, succèdent l'ambition active et la stratégie réfléchie. Quelles qu'aient pu être les dispositions « naturelles » du héros, c'est donc bien la prise de conscience de la corruption des milieux journalistiques, politiques et financiers qui a transformé le petit provincial ignorant, mais séduisant et opportuniste, en un arriviste forcené, machiavélique et sans scrupules.

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Pour citer cet article

Guy BELZANE. BEL-AMI, Guy de Maupassant - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Maupassant - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Maupassant

Autres références

  • MAUPASSANT GUY DE (1850-1893)

    • Écrit par Antonia FONYI
    • 2 318 mots
    • 1 média
    ...Maupassant, Une vie (1883), biographie d'une femme mal mariée, est conçu encore sous l'influence immédiate de l'auteur de Madame Bovary. Dans Bel-Ami(1885), histoire de l'ascension d'un « grain de gredin », l'écrivain brosse un large tableau satirique de la société parisienne. Mais dans...

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