AUTOMOBILE Vue d'ensemble
Depuis des temps immémoriaux, l'homme éprouve le besoin de se déplacer. Après des centaines de milliers d'années de bipédie, il a su utiliser certains animaux, grâce à la domestication, pour le porter, le tracter et l'aider dans ses lourdes tâches. Ce n'est qu'après quelque 6 000 ans de traction animale, qu'il a effectué, à partir du xviiie siècle, des avancées décisives dans de nombreux domaines scientifiques et techniques, qui lui ont permis de donner corps à son vieux rêve d'aller toujours plus vite et plus loin. En effet, la combinaison de tous ces progrès a d'abord conduit, au début du xixe siècle, au développement des chemins de fer et du bateau à vapeur, puis, à la fin de ce même siècle, à celui de l'automobile. Contrairement au chemin de fer – qui, d'une part, nécessite des quantités volumineuses et lourdes de combustible pour pouvoir fonctionner, ce qui lui impose, pour être rentable, de transporter un grand nombre de voyageurs ; et, d'autre part, est contraint d'évoluer en site propre (rails) et avec une organisation en convois –, l'automobile, dont le nom signifie qui se meut par soi-même, est un moyen de transport individuel ou familial. Elle autorise un usage en fonction des besoins personnels, tout en permettant le « porte à porte ».
Aujourd'hui, elle constitue un formidable condensé de technologies qui bénéficie de plus d'un siècle d'investissements lourds. Le budget cumulé consacré à la recherche et au développement de l'automobile, de ses composants et à leurs procédés de fabrication, se chiffre en milliers de milliards d'euros. Pour n'évoquer que les innovations perceptibles par les particuliers, depuis les années 1980, citons les améliorations des moteurs en matière de bruit, de souplesse et, surtout, de consommation, les progrès concernant les services embarqués – le plus spectaculaire étant l'assistance à la navigation – mais aussi l'individualisation du confort et l'amélioration de la sécurité. Qu'elle soit de nature technologique ou qu'elle relève du design, l'innovation est un argument fort des constructeurs d'automobiles pour inciter leurs clients à renouveler leurs véhicules. Cet objet technique, équipé d'un moteur léger brûlant un combustible à haut rendement et faible volume, s'est imposé tout au long du xxe siècle. À la fois robuste et fiable, il est capable d'affronter des contraintes élastiques, mécaniques ou thermiques exceptionnelles (par exemple, des écarts de températures allant de — 27 0C à + 45 0C) et peut fonctionner dans des milieux relativement hostiles.
Mais ce produit de grande consommation sans doute le plus important en volume, avec son succès excessif et les risques qu'il fait peser sur certaines ressources naturelles, pose au xxie siècle des problèmes redoutables. Les préoccupations environnementales se font de plus en plus prégnantes en même temps qu'un nombre croissant de climatologues se rangent à l'idée que les activités humaines sont à l'origine d'une bonne part du réchauffement terrestre, lui-même générateur de dérèglements climatiques profonds. L'effet de serre, auquel contribue le dioxyde de carbone (CO2) produit par la combustion des hydrocarbures, à raison de quelque 2,5 kg par litre de carburant, doit donc être contenu. Il est impossible d'imaginer les progrès de l'automobile dans les pays en développement sur le modèle occidental, sans risques majeurs pour le devenir de la planète Terre, étant entendu que l'épuisement des ressources pétrolières ne permet pas d'envisager une croissance, même faible, avec les technologies actuelles, pour plus d'une trentaine d'années. Le parc automobile mondial, qui était de l'ordre de cinq cents millions de véhicules dans les années 1990, a crû de 50 p.[...]
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Écrit par
- Alfred MOUSTACCHI
: ancien directeur de Renault S.A., administrateur de société, membre du comité de rédaction de la
Société des ingénieurs de l'automobile
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