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SAINT-GAUDENS AUGUSTUS (1848-1907)

Célébré aux États-Unis comme l'un des pères de la sculpture américaine moderne, Augustus Saint-Gaudens est depuis quelques années redécouvert par la France, berceau de sa famille paternelle et lieu principal de sa formation artistique. De la médaille au monument commémoratif, cet artiste a pratiqué durant trois décennies tous les genres et tous les formats de la sculpture et a su inventer un style personnel, mêlant l'idéal classique de la Renaissance à une ambition réaliste moderne.

Saint-Gaudens naît le 1er mars 1848 à Dublin, d'un père français et d'une mère irlandaise, mais il passe toute sa jeunesse à New York, ville d'immigration de ses parents. Après une formation initiale de graveur de camées aux États-Unis, il arrive en 1867 à Paris où il suit les cours de l'École gratuite de dessin avant d'entrer à l'école des Beaux-Arts. Dans l'atelier du peintre Jouffroy, il reçoit une éducation classique puis, pendant la guerre franco-allemande de 1870, séjourne en Italie pour y perfectionner sa culture artistique. Pendant une dizaine d'années, il répartit son temps entre la France, l'Italie et les États-Unis et réalise des sculptures qui lui valent une notoriété grandissante, dont témoignent ses premières commandes publiques américaines. En 1880, il s'installe définitivement à New York, qu'il ne quittera plus qu'en 1897 pour un séjour de trois ans en Europe, notamment en France. De 1901 à sa mort, il réorganise ses activités à Cornish (New Hampshire), dans une propriété qu'il a achetée en 1891 et baptisée Aspet du nom du village de son père en Haute-Garonne, et qui est maintenant devenue le Saint-Gaudens Memorial.

Saint-Gaudens a consacré une grande partie de son temps aux médailles, parmi lesquelles la plus célèbre est sans doute la pièce de 20 dollars de 1905-1907. Il réalisa aussi des camées sur coquillages comme les effigies de John Tuffs et de son épouse – 1861 et 1872, Metropolitan Museum New York, – et bien d'autres portraits miniatures qui sont d'une exécution toujours raffinée. De nombreux bas-reliefs en bronze, réalisés depuis les années 1870 jusqu'à la mort de l'artiste, attestent d'un succès mondain toujours grandissant et du désir sans cesse renouvelé de travailler avec une extrême finesse la ressemblance humaine ; Saint-Gaudens passe du portrait officiel soigneusement fini – Dr Carry, 1878, coll. privée – à l'esquisse, proche de la peinture impressionniste – Rodman de Kay Gilder, 1879, Metropolitan Museum New York – voire à la caricature – Henry Adams, 1904, Saint-Gaudens Memorial, Cornish.

Si la ronde-bosse est quantitativement moins importante, elle fournit l'occasion au sculpteur de définir son style propre en se mesurant à des modèles illustres et de réaliser des œuvres à destination publique. Ainsi Diane – 1894, Saint-Gaudens Memorial –, unique nu féminin de l'artiste, est-elle une composition élégante, fluide et stylisée qui propose la réinvention d'un thème classique souvent traité. Les corps masculins sont, pour leur part, figurés de manière réaliste et anecdotique – L'Amiral David Glasgow Farragut, 1881, Madison Square Park, New York – mais ils se trouvent le plus souvent intégrés dans des ensembles monumentaux d'une réelle originalité : Farragut est placé au milieu d'une exèdre décorative qui délimite l'espace et favorise un dialogue avec le public que le traditionnel piédestal en hauteur interdit au contraire. La statue d'Abraham Lincoln debout – Lincoln Park, Chicago – est insérée dans un décor de conception analogue, auquel s'ajoute un fauteuil vide en bronze, invitation à la méditation personnelle du spectateur. Mais le chef-d'œuvre monumental de Saint-Gaudens est sans conteste le Memorial Shaw – Boston,[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

Classification

Pour citer cet article

Paul-Louis RINUY. SAINT-GAUDENS AUGUSTUS (1848-1907) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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