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POMPE ANTOINE (1873-1980)

Fils d'un modeste artisan-bijoutier bruxellois, Antoine Pompe pratique très tôt l'apprentissage de la gravure sur métaux et de l'ébénisterie. Peu satisfait de l'Académie des beaux-arts où son père l'a placé à treize ans et qui diffuse un enseignement fondé sur l'imitation académique des styles du passé, il se rend en 1880 à la Kunstgewerbeschule de Munich. Durant trois ans, il y reçoit une formation très poussée, orientée vers le dessin et les arts appliqués, qui lui permet, à son retour, de s'employer dans diverses activités artisanales ou industrielles proches de l'architecture : fabrique de tapis, forge, ferronnerie d'art, ameublement, construction de ponts et de charpentes métalliques. Ses excellentes qualités de dessinateur lui valent une certaine notoriété, et des architectes de renom ont fréquemment recours à lui pour le rendu des perspectives. Il travaille ainsi pour Victor Horta, traçant les plans du pavillon du Congo pour l'Exposition universelle de Paris de 1900, et assiste au développement et au triomphe de l'Art nouveau qui vient de débarrasser l'architecture belge de l'éclectisme pasticheur hérité du xixe siècle. Ce n'est qu'à trente-sept ans, en 1910, qu'il réalise sa première œuvre personnelle, qui restera son chef-d'œuvre, la clinique orthopédique du docteur Van Neck à Bruxelles-Saint-Gilles.

C'est l'époque de l'essoufflement de l'Art nouveau, qui s'épuise dans l'ornement. Une nouvelle génération d'architectes est en train de naître, influencée par les recherches de Berlage et de la Sécession viennoise ; une nouvelle architecture est en germe, libérant la forme de l'ornement pour retrouver le volume pur et retournant à certains principes rationalistes et structurels de Viollet-le-Duc. Dans cette ambiance, l'œuvre de Pompe apparaît comme un véritable manifeste et connaît un grand retentissement ; elle surprend par la rigueur de ses formes, la grande pureté de ses lignes dépouillées, la simplicité et l'étrangeté d'une composition qui reflète la complexité du programme et par l'utilisation de matériaux nouveaux, comme la brique de verre. Dès lors, il devient la figure dominante d'un courant que l'on a souvent appelé l'« architecture du sentiment », courant qui produit une architecture romantique, expressive et pourtant rationaliste, courant qui se veut celui du « bon sens », de l'architecture comme art et comme métier. Se qualifiant lui-même de « pseudo-moderniste », passionné du « mystère des nombres et des formes », il veut associer « le style, fruit du sentiment, et la géométrie, produit de la raison ». Mais un courant parallèle se développe, lié au Mouvement moderne international, animé en Belgique par Huib Hoste, Louis Herman De Koninck et Victor Bourgeois. Pompe s'élève dans plusieurs pamphlets contre l'« utilitarisme » de ce mouvement, puriste et révolutionnaire, qui occupe rapidement le devant de la scène. Il prône l'usage exclusif du béton armé, du fer et du verre, l'affirmation des éléments fonctionnels, la toiture plate, les volumes simples et surtout le refus de la décoration, jusqu'à déclarer : « Le salut de l'architecture, c'est la dèche ! » Relégué dans une marginalité et une solitude progressives, Antoine Pompe réalise peu d'œuvres importantes, essentiellement des maisons bourgeoises, souvent entre mitoyens, pour lesquelles il étudie des plans très ingénieux, d'une grande fluidité spatiale, marqués de dislocations, de jeux obliques et de pans coupés, de saillies et de creux en façade, de bow-windows d'angle, et qu'équilibre une lourde toiture.

Préoccupé par le logement social et la préfabrication, notamment pendant son association avec Fernand[...]

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