Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KROEBER ALFRED LOUIS (1876-1960)

Place et but de l'anthropologie

Ce double effet, déjà présent dans les premières publications de Kroeber, éclaire aussi un autre aspect de son œuvre. « Il m'a fallu longtemps, écrit-il, pour me rendre compte que je n'étais pas un spécialiste des sciences sociales... » Ce n'est pas un paradoxe. Kroeber a toujours soutenu que le véritable modèle de l'anthropologie est constitué par les sciences naturelles ; il a reconnu très tôt la nécessité d'organiser le corps des connaissances sous une forme systématiquement comparable, comme la géologie ou la biologie, tout en reconnaissant que le point de vue naturaliste insiste pour traiter les coutumes, les sociétés, les langues et surtout les idéaux et les valeurs comme des phénomènes naturels. L'anthropologie représente un effort pour étendre la méthode scientifique des sciences naturelles au domaine traditionnellement tenu par les humanités classiques : la linguistique, par exemple, a montré le chemin en se dégageant de la philologie et en se constituant comme science pure. C'est dans cette extension que Kroeber voit l'avenir de l'anthropologie. Certes, il a, là encore, de grands devanciers (Tylor, Boas) avec lesquels il partage déjà sa conception relativiste, pluraliste de la culture, mais il se distingue aussi nettement des représentants de l'anthropologie sociale britannique (E. E. Evans-Pritchard, M. Fortes) dont l'influence à partir des années cinquante est devenue grandissante.

— Jean-Paul LATOUCHE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul LATOUCHE. KROEBER ALFRED LOUIS (1876-1960) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DIFFUSIONNISME

    • Écrit par Roger BASTIDE
    • 2 828 mots
    • 2 médias
    ...de Wissler distingue diffusion spontanée, au hasard des contacts, et diffusion volontaire, sous l'effet de la conquête et de la contrainte ; celle de Kroeber distingue la diffusion par contact et emprunt et la diffusion par stimulation (le principe seul du trait diffusé est retenu, mais à partir de ce...
  • MODE, sociologie

    • Écrit par Philippe BESNARD, Olivier BURGELIN
    • 5 691 mots
    • 1 média
    ...En l'absence d'une tradition de recherche en ce domaine, on ne peut que se référer à deux études importantes relevant l'une de l'anthropologie (A. L. Kroeber et J. Richardson), l'autre de la sémiotique ou sémiologie (R. Barthes), et qui l'une et l'autre concernent la mode au sens de fashion.

Voir aussi