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ROUSSEL ALBERT (1869-1937)

La deuxième manière

Padmâvatî (créé en 1923) inaugure une écriture plus âpre, aux harmonies libérées du « bien-écrire » ; Roussel a rompu définitivement avec l'impressionnisme. Commence alors une période transitoire riche de partitions significatives comme le poème symphonique Pour une fête de printemps (1920), la Deuxième Symphonie (1921), œuvre austère mal accueillie à sa création en 1922, mais qui, l'année suivante, sous la baguette de Serge Koussevitzky, prend toute sa signification. Cette mutation qui sépare les Évocations et Le Festin de l'araignée de la Deuxième Symphonie pourrait correspondre à une sorte d'introspection de la part du musicien – qui a fait la guerre de 1914-1918 –, ainsi qu'il le suggère lui-même dans une interview (Guide du concert, 12 oct. 1928) : « Ces quatre années ne furent pas perdues pour moi. Je les employai à réfléchir sur mon art. De ces retours sur moi-même qui me furent imposés, je retirai le plus grand profit. J'avais, comme tant d'autres, été entraîné par les modes nouveaux de la création musicale. L'impressionnisme m'avait séduit ; ma musique s'attachait, trop peut-être, aux moyens extérieurs, aux procédés pittoresques qui – j'en ai jugé ainsi plus tard – lui enlevaient une part de sa vérité spécifique. Dès lors, je résolus d'élargir le sens harmonique de mon écriture, je tentai de m'approcher de l'idée d'une musique voulue et réalisée pour elle-même. » Cette deuxième manière qui prépare la dernière grande période voit encore éclore La Naissance de la lyre (1924), conte lyrique sur un livret de Théodore Reinach d'après Sophocle ; la même année, Roussel donne Les Joueurs de flûte pour flûte et piano, quatre tableaux de genre aux traits incisifs : Pan, Tityre, Krishna, Monsieur de La Péjaudie ; la Deuxième Sonate pour piano et violon, dont le premier thème tire son charme d'un mode hindou ; la Sérénade (1925) pour flûte, harpe, violon, alto, violoncelle ; les Six Odes anacréontiques pour chant et piano, traduites par Leconte de Lisle.

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Écrit par

  • : compositeur de musique, lauréat du Conservatoire de Paris, membre de l'Académie de Belgique, ancien attaché culturel à la Société des nations pour les questions musicales, ancien professeur à l'École normale de musique, ancien chargé de cours de musicologie en Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Arthur HOÉRÉE. ROUSSEL ALBERT (1869-1937) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BASSE, musique

    • Écrit par Henry BARRAUD
    • 3 508 mots
    • 1 média
    ...qui, cinq siècles plus tôt, avait fait de la basse le potentat du système harmonique occidental. Cette évolution est très apparente dans la musique d' Albert Roussel. Le jeu musical y devient beaucoup plus indépendant de ce qui se passe dans sa partie inférieure. La musique s'en trouve, en quelque sorte,...

Voir aussi