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DE MILLE AGNES (1905-1993)

Décédée dans la nuit du 6 au 7 octobre 1993, à New York, Agnes De Mille représentait avec éclat le ballet américain qui, au tournant des années 1940, puisa ses sujets dans l'histoire, les légendes et la musique nationales.

Agnes De Mille voit le jour le 18 septembre 1905, à New York. Elle est la fille de William De Mille, personnage influent dans le milieu du cinéma. Elle est aussi la nièce de Cecil Blount De Mille, l'un des géants de Hollywood. C'est pourtant la danse qui attire la jeune fille dont on dit qu'elle connut, dès l'âge de six ans, Ted Shawn, pionnier de la danse moderne masculine. Après des études auprès de Theodore Koslov, Vera Fredova et Winifred Edwards, elle débute sur scène en 1928 et signe, dès l'année suivante, The Black Crook à Broadway. Sa carrière prend toutefois sa vraie dimension avec la rencontre de Marie Rambert. Cette ancienne danseuse des Ballets russes de Diaghilev, collaboratrice zélée de Nijinski pour son Sacre du printemps en 1913, est revenue à Londres pour y fonder sa compagnie. Agnes De mille s'y distingue en créant notamment des œuvres d'Antony Tudor aussi différentes que le tragique Dark Elegies (1937) et le très parodique Judgement of Paris (1938), dans lequel elle campe une pétillante Vénus. Après un passage au Ballet Caravan, Agnes De Mille est engagée par le Ballet Theatre qui a donné son premier spectacle à New York en janvier 1940. C'est l'époque où Eugene Loring lance la mode du ballet “américain” avec Billy the Kid (1938), où il a fait revivre l'un des enfants terribles du bon vieux Far West. Martha Graham, pour sa part, a déjà signé Primitive Mysteries (1931), qui exalte les sentiments religieux des Américains, et qui sera suivi de Letter to the World, en hommage à la poétesse Emily Dickinson, mais surtout d'Appalachian Spring (1944), évocation de la vie des pionniers américains.

En 1942, Agnes De Mille fait sensation. Elle signe en effet le bouillant Rodeo sur des musiques enlevées d'Aaron Copland, avec en toile de fond le Colorado des cow-boys. Adaptant avec beaucoup d'habileté des danses populaires, elle met en scène la joyeuse cohorte des personnages types du western. Forte de ce succès, Agnes De Mille se voit immédiatement proposer un contrat à Broadway pour la comédie musicaleOklahoma qu'elle épice de danses alertes. Désormais, la chorégraphe partagera sa carrière entre le ballet et les musicals. Pour le Ballet Theatre, elle monte Three Virgins and a Devil (1941) et Fall River Legend (1948), sans doute son chef-d'œuvre avec Rodeo. Là encore, elle puise à la source de l'histoire américaine en illustrant de façon magistrale un simple fait divers : à Fall River, petite ville de la Nouvelle-Angleterre, à la fin du xixe siècle, eut lieu le procès et la condamnation de Lizzie Borden, accusée du meurtre de son père et de sa belle-mère. À Broadway, Agnes De Mille illumine de son talent Carrousel (1945), Les hommes préfèrent les blondes (1949) ou Paint your Wagon (1951).

En 1952, elle publie Dance to the Piper, un livre de souvenirs qui lui donne le goût d'écrire puisqu'il est suivi d'une dizaine d'autres titres jusqu'en 1981, année où elle fait paraître Reprieve : a Memoir. En 1975, à la suite d'une congestion cérébrale et d'une attaque cardiaque, Agnes De Mille reste handicapée. Elle poursuit néanmoins ses activités de chorégraphe. On lui doit encore The Informer (1988) et The Other (1992), preuves de son inlassable énergie. Elle se savait issue d'une famille de gens d'action : “On m'a appris à ne jamais m'arrêter”, avait-elle dit un jour.

— Jean-Claude DIÉNIS

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Jean-Claude DIÉNIS. DE MILLE AGNES (1905-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )