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ADAPTATION Adaptation sociale

Le concept d'adaptation sociale va de pair avec celui d' intégration sociale. L'adaptation décrit les mécanismes par lesquels un individu se rend apte à appartenir à un groupe. L'intégration, ceux par lesquels le groupe admet un nouveau membre. L'adaptation insiste sur les changements chez l'individu, qui sont la condition de l'intégration.

De nombreuses études de psychologie sociale ont porté sur ce phénomène de l'adaptation. Il semble s'en dégager la théorie suivante : pour être accepté, l'individu doit partager jusqu'à un certain point les valeurs, opinions et attitudes du groupe. Quant à la probabilité que l'individu accepte ces valeurs, elle dépend de plusieurs conditions. Il faut d'abord que les opinions et attitudes du groupe ne viennent pas contredire des opinions et attitudes auxquelles l'individu tient parce qu'elles lui permettent de confirmer son appartenance à d'autres groupes. En second lieu, il est nécessaire que les opinions et attitudes du groupe ne viennent pas contredire les attitudes profondes de l'individu, remettant ainsi en cause un système de valeurs lié à la personnalité ou au personnage de l'individu.

Réalité objective et réalité sociale

De nombreuses expériences montrent que les opinions et attitudes d'un individu dépendent de celles de son entourage. Il ne s'agit pas, à proprement parler, d'influence sociale, mais plutôt d'un mécanisme complexe par lequel le sujet choisit entre la réalité objective et la réalité sociale que constituent les opinions de l'entourage. Ce conformisme tient au fait que le désaccord avec le groupe représente un certain coût psychologique et, dans les cas extrêmes, un certain risque de rejet.

La réalité sociale substituée à une réalité objective absente

Une célèbre expérience due à Muzafer Sherif montre cette dépendance des jugements individuels par rapport aux jugements collectifs. L'expérience consistait à mettre un sujet dans l'obscurité devant un point lumineux fixe et à lui demander d'évaluer les déplacements de ce point. Il est connu qu'un point lumineux fixe en milieu obscur donne l'impression de se déplacer. L'évaluation des distances de déplacement est donc subjective ; la réalité ne fournit pas de base solide à l' opinion. Sherif a montré que, dans un cas comme celui-là, l'opinion individuelle était largement déterminée par l'opinion collective. En effet, lorsqu'il avait entendu l'appréciation de la distance donnée par le sujet, l'expérimentateur lui communiquait l'évaluation prétendument effectuée par un groupe de compères. On assistait alors dans la plupart des cas, de la part du sujet, à une correction de son jugement. D'où la conclusion que, lorsque la réalité objective n'impose pas une opinion déterminée, la réalité sociale, représentée par la tendance de l'opinion collective, tend à se substituer à elle.

Des expériences comparables montrent que la « réalité sociale » peut même déterminer l'image que le sujet a de lui-même. De curieuses expériences, dues à Preston et Bayton et à McIntosh, démontrent ce phénomène. Voici, grossièrement, l'idée générale de ces expériences : les expérimentateurs disposaient d'un certain nombre de groupes d'étudiants noirs et d'étudiants blancs. Ils proposaient une tâche à un groupe d'étudiants noirs et demandaient aux membres de ce groupe de prédire leurs résultats. La même tâche était proposée à un autre groupe d'étudiants noirs ; on leur demandait également de prédire leurs résultats, mais en leur annonçant les performances fictives réalisées par un groupe d'étudiants blancs. L'expérience a été répétée plusieurs fois. Dans tous les cas, l'appréciation que les Noirs donnèrent de leurs propres résultats dépendit des prétendus résultats des Blancs : ils[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences morales et politiques, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Média

Theodor Adorno - crédits : AKG-images

Theodor Adorno