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ACTION & RÉACTION, physiologie

Pour les thermodynamiciens, les êtres vivants sont des systèmes ouverts équilibrant de manière dynamique les entrées et sorties d'énergie. Le solde du bilan énergétique est en principe nul dans le cas des sujets adultes, dont l'état est qualifié d'homéostasique. Cette apparente stabilité physiologique correspond en fait à la somme de variations positives (gain d'énergie) ou négatives (pertes énergétiques) intervenant à chaque instant. Ces oscillations sont contrôlées, cybernétiquement, par des mécanismes régulateurs qui corrigent les écarts physiologiques auxquels les fonctions vitales ont donné lieu. Vu du dehors, un tel état de choses se traduit inéluctablement par le couplage action-réaction, car c'est une loi biologique fondamentale que toute rentrée énergétique quantitativement suffisante pour déstabiliser l'organisme déclenche chez celui-ci des mécanismes correcteurs.

Historiquement, en physiologie animale ou humaine, le principe d'action-réaction a été d'abord appliqué, dans un contexte mécaniciste, à la fonction d'information exercée par les structures nerveuses. Capter un signal à l'extérieur, le traiter dans un réseau connectif, puis agir sur un organe effecteur constituent le circuit d'activité nerveuse élémentaire ou arc réflexe. L'énergie qui a déterminé cette activité a subi une transduction appropriée au niveau des structures anatomiques mises en jeu. Après leur excitation, celles-ci ne peuvent acheminer les impulsions qui les parcourent qu'en étant alimentées par les réserves énergétiques propres à l'organisme. C'est donc une cascade de réactions biochimiques qui en résulte, donnant lieu éventuellement aux ajustements comportementaux devenus nécessaires pour restaurer l'état initial. Ainsi l'effet action-réaction est-il nécessairement « révolutionnaire » au sein de l'organisme qui en est le théâtre.

Lorsque celui-ci est capable de mémoriser le processus, les effets d'action-réaction acquièrent des particularités remarquables. Notons par exemple les phénomènes d'anticipation, tels les réflexes de sécrétion digestive ou hormonale « psychique », ou les effets d'amplification qui surviennent dans les réactions immunitaires. La mort abolit nécessairement les processus réactionnels en instaurant l'inertie cadavérique. Le recours aux caractères réactionnels est, pour cette raison, au centre de l'investigation médicale.

Ultérieurement, la notion d'homéostasie qui implique l'existence d'équilibres physico-chimiques humoraux (constantes physiologiques) a conduit à une interprétation cybernético-biochimique des régulations du milieu intérieur. Après avoir mis en évidence le rôle des hormones dans les boucles interactives fonctionnant selon le principe du feed-back, on a invoqué celui des mécanismes neuro-endocriniens de stimulation ou d'inhibition fonctionnelle par lesquels sont intégrées vie de relation et vie de nutrition.

On conçoit donc maintenant l'action qui est exercée sur le système vivant comme un signal capable de déclencher un ou des processus réactionnels par l'intermédiaire de canaux où transitent des messages (sous forme d'influx nerveux et/ou de médiateurs chimiques) destinés aux récepteurs d'information dont les structures qui vont réagir sont munies. Ainsi se trouve appliquée aux mécanismes d'interaction physiologique la notion de communication.

— Didier LAVERGNE

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Didier LAVERGNE. ACTION & RÉACTION, physiologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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