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YOUGOSLAVIE

L'éclatement de la Yougoslavie et la fin de la fédération

1989 à 1999. Le monde contemporain - crédits : Encyclopædia Universalis France

1989 à 1999. Le monde contemporain

Bien avant la disparition de la république socialiste fédérative de Yougoslavie en 1991-1992, les ferments de la désintégration étaient à l'œuvre. Sécessions et guerres se sont multipliées sur la quasi-totalité du territoire yougoslave. Par un effet de dominos, les combats ont glissé du nord vers le sud, partant de la Slovénie en 1991, pour atteindre le Kosovo en 1998 et la Macédoine en 2001.

Pendant trente-cinq ans, le maréchal Tito avait réussi tant bien que mal à jongler entre les différents nationalismes de la fédération : slovène, croate, serbe, bosniaque, albanais, macédonien. Le 4 mai 1980, il meurt sans avoir désigné de dauphin. Il est remplacé par une direction collégiale tournante, avec droit de veto pour chacune des six républiques fédérées (Slovénie, Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine et Monténégro) et des deux provinces autonomes (Kosovo, Voïvodine) au sein de la Serbie.

Les premières tensions ont lieu en mars-avril 1981 lorsque les Albanais du Kosovo se révoltent pour demander le statut de septième République à part entière au sein de la Fédération. C'est à cette époque que l'on commence à entendre le slogan : « La guerre a commencé au Kosovo, elle finira au Kosovo. »

Les effets pervers de l'autogestion ont engendré de véritables baronnies économiques, aggravant les égoïsmes régionaux. Ayant vécu au-dessus de ses moyens, la Yougoslavie est frappée de plein fouet par la crise économique au milieu des années 1980, d'autant qu'avec la fin de la guerre froide, les crédits occidentaux s'amenuisent et que l'importation de matières premières en provenance de l'ancien bloc de l'Est doit être facturée en dollars, aux tarifs internationaux. Petit à petit, les républiques riches du nord (Slovénie, Croatie) ne veulent plus payer pour les pauvres. Se greffant sur les égoïsmes économiques, les nationalismes relèvent la tête. En 1987, Slobodan Milošević prend le pouvoir en Serbie et impose sa vision ouvertement nationaliste.

Entre la fin de 1988 et le début de 1989, Slobodan Milošević chasse les dirigeants de Voïvodine, du Kosovo et du Monténégro pour les remplacer par ses fidèles. Le 28 mars 1989, il supprime d'autorité les autonomies du Kosovo et de la Voïvodine. Durant cette même année, les premiers partis nationalistes apparaissent : H.D.Z. de Franjo Tudjman en Croatie, S.D.A. d'Alija Izetbegović en Bosnie, V.M.R.O. en Macédoine... En janvier 1990, la Ligue des communistes de Yougoslavie réunit son XIVe et dernier congrès ; les antagonismes nationaux la font éclater.

Les premières élections libres ont lieu en Slovénie et en Croatie en avril-mai 1990, puis en Macédoine, en Bosnie, en Serbie et au Monténégro en novembre-décembre. Les anticommunistes nationalistes l'emportent en Slovénie, en Croatie, en Bosnie et en Macédoine. En revanche, les nationaux-communistes sortent vainqueurs à l'issue des scrutins en Serbie et au Monténégro.

Durant l'été de 1990, alors que la Slovénie proclame sa souveraineté, les Kosovars annoncent unilatéralement leur séparation d'avec la Serbie, et les Serbes de la Krajina croate proclament leur autonomie. En septembre, les premiers incidents sanglants ont lieu à Knin (Croatie) entre des milices serbes et des policiers croates. Le 28 février 1991, la Krajina annonce sa séparation de la Croatie. Trois jours plus tard, les premiers morts tombent, à Pakrac.

Le 17 mai 1991, la présidence collégiale est déclarée vacante ; en outre, les réformes économiques du Premier ministre Ante Marković échouent, faute de soutiens financiers occidentaux. Le 6 juin, les dirigeants macédoniens et bosniaques tentent sans succès une médiation de la dernière chance : transformer la fédération en une confédération lâche. La Croatie et la Slovénie[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée
  • : docteur de l'université de Bordeaux-III, chercheur associé à l'Institut de recherche sur les sociétés postcommunistes (I.R.E.S.C.O., Nanterre), collaboratrice scientifique à l'Université libre de Bruxelles
  • : professeur à l'Institut national des langues orientales vivantes
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Christophe CHICLET, Universalis, Catherine LUTARD et Robert PHILIPPOT. YOUGOSLAVIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Yougoslavie : formation territoriale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Yougoslavie : formation territoriale

Cimetière militaire, 1915 - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Cimetière militaire, 1915

Nicolas I<sup>er</sup> - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Nicolas Ier

Autres références

  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    En 1945, la Yougoslavie constituait le premier allié historique de l'Albanie. Les deux partis communistes avaient combattu côte à côte l'invasion italienne et allemande, et, malgré la question déjà brûlante de l'intégration du Kosovo à la fédération albanaise, une convention économique importante était...
  • BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Michel ROUX
    • 7 514 mots
    • 1 média
    ...conférence de Londres, qui lui fait suite, reconnaît l'indépendance de l'Albanie (1913). Enfin, à l'issue de la Première Guerre mondiale, le démembrement de l'Autriche-Hongrie, qui avait profité du recul ottoman pour s'étendre jusqu'à la Save (1699) puis pour occuper la Bosnie-Herzégovine...
  • BELGRADE

    • Écrit par Amaël CATTARUZZA
    • 1 026 mots
    • 2 médias

    Capitale de la Serbie, Belgrade (en serbo-croate Beograd, littéralement « ville blanche ») est située au confluent de la Save et du Danube. Avec 1 639 121 habitants (selon le recensement de 2011), Belgrade est, en termes de démographie, la première agglomération de Serbie et de l'ancien...

  • BOSNIE-HERZÉGOVINE

    • Écrit par Emmanuelle CHAVENEAU, Renaud DORLHIAC, Universalis, Nikola KOVAC, Noel R. MALCOLM
    • 13 495 mots
    • 7 médias

    La Bosnie-Herzégovine est un petit pays (52 280 km2) montagneux de la péninsule balkanique, qui comptait plus de 3,5 millions d'habitants au recensement de 2013. Royaume slave indépendant à l'époque médiévale, le pays a été intégré à l'Empire ottoman du xve au début du...

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Voir aussi