Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VANDALES

Les témoignages archéologiques

Les témoins archéologiques concernant les Vandales apparaissent des plus ténus jusqu'à leur établissement dans la partie orientale du Maghreb, ce qui ne saurait étonner. Les peuples en mouvement laissent en effet peu de traces dans le sol du fait de la brièveté relative de leurs étapes. C'est ainsi qu'il est pratiquement utopique d'espérer jalonner par des trouvailles archéologiques les itinéraires suivis par des Vandales depuis la Scandinavie jusqu'en Gaule, leurs cheminements, en partie connus par l'exploitation des sources écrites, demeurant le plus souvent hypothétiques.

En revanche, des possibilités d'investigations archéologiques existent, du moins en théorie, dans les régions où nous savons par les textes que les Vandales séjournèrent de façon durable. Encore faut-il qu'ils aient possédé une « culture matérielle » spécifique, bien distincte de celle des peuples germaniques voisins. On a ainsi voulu recourir à l'archéologie pour justifier l'hypothèse, tirée des textes et de la toponymie, de la migration des Vandales depuis le Jutland septentrional (dont ils auraient été originaires, et auquel ils ont laissé le nom de Vendsyssel) jusqu'en Silésie, en se fondant en particulier sur les analogies offertes par les céramiques ornées provenant de ces deux régions. On a en fait établi par la suite que ces types de vases n'étaient pas circonscrits à ces seules régions, mais se rencontraient également dans le sud de la péninsule scandinave, d'une part, et le nord de l'Allemagne, d'autre part. On en a donc conclu que ces objets n'avaient pu être l'exclusivité des Vandales, ceux-ci les ayant partagé avec d'autres groupes germaniques voisins à la migration identique ! Une telle communauté culturelle, dont la céramique ne représente que l'un des aspects, subsista lors des étapes ultérieures de la migration vandale, la vallée du Main supérieur pour les Silings et la Pannonie pour les Hasdings, où pourtant leur séjour dura plus d'un siècle et demi. Néanmoins, la coïncidence géographique de certains caractères archéologiques (types d'habitat, coutumes funéraires, objets divers) avec ces territoires peut parfois plaider en faveur de leur attribution aux Vandales.

On a eu recours à une argumentation identique pour tenter de mettre en évidence quelques rares mais précieux témoins du bref séjour des Vandales en Espagne (G. Koenig, 1981). C'est en effet dans le nord-ouest et le sud de la péninsule Ibérique, où ils s'établirent, qu'ont été mises au jour des pièces d' orfèvrerie étroitement apparentées aux trouvailles de haute époque imputables aux Germains orientaux d'Europe centrale : épée à garde cloisonnée (Beja, Portugal), boucles en or (Bueu, Malaga), plaques-boucles cloisonnées (Beja, Castiltierra, Galice). L'attribution de ces objets aux Vandales (ou aux Alains qui les avaient alors rejoints) ne fait cependant pas l'unanimité des chercheurs, ces trouvailles pouvant également être mises en rapport avec l'adoption par certaines élites barbares établies dans l'Empire (à titre individuel ou comme « fédérés ») des prestigieuses modes issues des régions « danubiennes » qui caractérisaient alors en Europe centrale les Huns et les Germains orientaux qui leurs étaient alliés ou soumis. Ce phénomène, parfaitement établi en ce qui concerne les provinces limitrophes du Rhin et du Danube, aurait pu également jouer dans la péninsule Ibérique, la tombe de guerrier de Beja en étant une parfaite illustration (M. Kazanski, 1988).

Qu'en fut-il dans l'ancienne Afrique romaine, ultime séjour des Vandales où ils disposèrent pour la première fois d'un véritable État qui subsista un peu plus d'un siècle ? Très bon connaisseur de l'orfèvrerie de l'époque des [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye

Classification

Médias

Vandales, Ier-VIe s. après J.-C. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vandales, Ier-VIe s. après J.-C.

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    Les Vandales, ces envahisseurs germaniques débarqués en 429, dominèrent bientôt l'ensemble de l'Afrique septentrionale : en 455, Genséric gouvernait tout le Maghreb romain. Les Vandales, qui étaient ariens, traitèrent en ennemies l'aristocratie romanisée et l'Église, et en alliés la masse...
  • BÉLISAIRE (500 env.-565)

    • Écrit par
    • 733 mots
    • 1 média

    À la veille du vie siècle, l'Empire romain morcelé par les royaumes barbares semble appartenir à une histoire définitivement révolue. Cependant, à Constantinople, l'empereur Justinien Ier cherche à retrouver l'unité de l'ancienne puissance romaine et à reconquérir à l'Occident...

  • DÉBUT DES GRANDES MIGRATIONS

    • Écrit par
    • 201 mots

    Dès le iiie siècle avant notre ère, il y eut de multiples mouvements de peuples germaniques à partir de l'Europe du Nord, mais qui ne menacèrent pas directement le monde romain, sinon par des raids sans lendemain, notamment au milieu du iiie siècle de notre ère. L'année 375 marque...

  • EMPIRE ROMAIN ET BARBARES AU IVe SIÈCLE - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 259 mots

    325 Réforme de l'armée par Constantin qui institue une armée de manœuvre et une armée de frontière.

    351 Bataille de Mursa, la plus sanglante du ive siècle, durant la guerre civile entre l'empereur Constance II et l'usurpateur Magnence.

    357 Victoire de l'armée romaine sur les...

  • Afficher les 10 références