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PRAGUERIE

Révolte féodale menée en 1440 (février-juillet) contre le roi de France Charles VII par quelques princes, comme les ducs Charles Ier de Bourbon, Jean II d'Alençon, Jean V de Bretagne, le roi René d'Anjou, comte de Provence, Jean IV d'Armagnac et Jean de Dunois. La petite et la moyenne noblesse soutinrent le mouvement, soucieuses de défendre leurs prérogatives contre les empiétements des officiers royaux et, pour cette raison, inquiètes de la ferme reprise en mains de la monarchie par l'ancien roi de Bourges. La conjuration visait à destituer le roi et à confier la régence au dauphin, le futur Louis XI, alors âgé de seize ans. Une révolte du duc de Bourbon avait déjà été matée en 1437. De même, le roi et Richemont réprimèrent-ils sans peine une première insurrection, en Auvergne et en Poitou (févr. 1440). La réconciliation du dauphin avec son père, en présence du duc de Bourbon, est actée par le traité de Cusset (24 juillet 1440) qui met fin à la Praguerie. Les comploteries ne prennent pas fin pour autant. L'intervention du duc de Bourgogne Philippe le Bon et de Charles d'Orléans – à peine revenu de sa captivité en Angleterre – mit au contraire la royauté en péril. À l'assemblée de Nevers (févr. 1442), à laquelle il n'avait pas été prié, Charles VII fit jouer ses conseillers au plus fin. En dosant ses concessions et surtout ses subventions financières de manière aussi habile qu'inéquitable, il dissocia la coalition. Celle-ci fut qualifiée de « Praguerie » par comparaison avec les récentes révoltes de Bohême.

L'un des facteurs déterminants du succès royal fut le loyalisme de la plupart des villes et la fidélité intéressée de l'administration. La nouvelle noblesse, née des profits de la justice et des finances royales, fit cause commune dans la prudence avec la bourgeoisie marchande. Quant à la petite noblesse d'origine militaire, qui avait suivi dans la révolte les princes, elle vit avec amertume ceux-ci tirer seuls les avantages de la réconciliation avec le roi ; de l'opposition du dauphin Louis jusqu'à la ligue du Bien public, les mouvements d'insoumission ne trouvèrent désormais plus dans cette petite noblesse la force militaire grâce à laquelle ils auraient pu limiter les progrès du pouvoir monarchique.

— Jean FAVIER

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

Classification

Pour citer cet article

Jean FAVIER. PRAGUERIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LOUIS XI (1423-1483) roi de France (1461-1483)

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 2 547 mots
    • 1 média
    ...contre son père Philippe le Bon, Louis adhère à la révolte des grands seigneurs contre Charles VII et les Angevins tout-puissants à la cour. Le roi mate la Praguerie. Louis, après diverses missions politiques et militaires, et la mort de sa femme qui ne lui avait pas donné d'enfant et qu'il n'aimait pas (1445),...

Voir aussi