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PUVIS DE CHAVANNES PIERRE (1824-1898)

Puvis n'est pas le peintre froid et académique dont l'image s'est peu à peu imposée au public au cours du xxe siècle. Jusqu'à la dernière décennie de sa vie, son œuvre fut l'objet de vives critiques et de controverses, surtout de la part des milieux officiels. En revanche, les peintres d'avant-garde, de Gauguin à Seurat, lui portèrent toujours la plus vive admiration, et l'on ne saurait oublier non plus que Puvis soutint un Courbet, un Bazille, un Degas, au moment où ils étaient le plus vivement attaqués. Né à Lyon, sa formation repose avant tout sur la tradition idéaliste de cette importante école provinciale et sur la leçon des maîtres de la Renaissance qu'il découvre en Italie, au milieu du siècle. L'exemple de Chassériau le marque aussi très fortement, et les décorations de celui-ci pour la Cour des comptes (1848) l'orientent définitivement vers la peinture murale qui constitue la part la plus importante de son œuvre, encore qu'il n'ait pas peint véritablement à fresque, mais sur des toiles collées ensuite sur le mur (dites marouflées). Ses débuts sont difficiles, et il essuie plusieurs refus jusqu'à ce qu'une médaille vienne récompenser, en 1861, Bellum et Concordia (Amiens). C'est le début d'une longue suite de décors muraux qui culmine avec la Vie de sainte Geneviève au Panthéon (1874-1878, puis 1896-1898), le grand escalier du musée de Lyon (1883-1886), l'Allégorie des sciences à la Sorbonne (1887), l'escalier de l'Hôtel de Ville (1891-1894) et la bibliothèque de Boston (1894-1896). Mais les peintures de chevalet ont leur importance ; L'Espérance (env. 1871, musée d'Orsay, Paris) et Le Pauvre Pêcheur (1881, musée d'Orsay) sont des œuvres capitales dans l'histoire de la peinture : la nouveauté de leur conception formelle tout autant que leur inspiration pèsent d'un poids déterminant dans l'œuvre d'un Gauguin, d'un Seurat ou encore dans celle des nabis, comme Maurice Denis ; et Puvis est incontestablement l'un des patrons du mouvement symboliste, bien qu'il se soit toujours défendu lui-même de travailler en ce sens. La peinture plate, l'application très sobre de la touche, la construction savante de la toile, l'élaboration du sujet faisaient un contrepoids utile à la liberté et au bariolage impressionniste, délibérément tourné vers le temps qui passe. Puvis, auquel cinq cent cinquante artistes des tendances les plus opposées rendirent hommage lors d'un grand banquet présidé par Rodin, en 1895, est l'un des maîtres de la peinture française.

<em>Le Fils prodigue</em>, P. Puvis de Chavannes
 - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

Le Fils prodigue, P. Puvis de Chavannes

Le Pauvre Pêcheur, P. Puvis de Chavannes - crédits : Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

Le Pauvre Pêcheur, P. Puvis de Chavannes

— Jean-Paul BOUILLON

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art moderne et contemporain à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul BOUILLON. PUVIS DE CHAVANNES PIERRE (1824-1898) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Le Fils prodigue</em>, P. Puvis de Chavannes
 - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

Le Fils prodigue, P. Puvis de Chavannes

Le Pauvre Pêcheur, P. Puvis de Chavannes - crédits : Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

Le Pauvre Pêcheur, P. Puvis de Chavannes

Autres références

  • CONCORDIA ET BELLUM (P. Puvis de Chavannes)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 240 mots

    Concordia (La Paix) et Bellum (La Guerre) sont à l’origine du premier grand ensemble de peintures murales décoratives réalisé par Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), entre 1861et 1882, et l’un des plus significatifs. L’artiste avait exécuté ces deux tableaux sans destination précise lorsqu’il...

  • LES PEINTURES DÉCORATIVES DE PIERRE PUVIS DE CHAVANNES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 994 mots

    1854-1855 Puvis réalise, pour la salle à manger de la maison de son frère au Brouchy, en Saône-et-Loire, quatre peintures à contenu religieux pour illustrer le thème des Quatre saisons, complété par une grande composition centrale, Le Retour de l'Enfant prodigue. C'est son premier essai...

  • CARICATURE

    • Écrit par Marc THIVOLET
    • 8 333 mots
    • 8 médias
    ...Certains ont vu dans la caricature un jeu esthétique et moral qui compensait ce que leur art pouvait avoir de trop conformiste : Isabey, Delacroix, Puvis de Chavannes s'y sont livrés comme à une activité « cathartique » marginale. D'autres ont subi avec fascination l'attrait du monstrueux. Parmi ces...
  • SYMBOLISME - Arts

    • Écrit par Jean-Paul BOUILLON
    • 5 745 mots
    • 5 médias
    Dernier refus enfin, celui de l'académisme et du Salon officiel auxquels, ce qu'on oublie trop souvent, un Puvis de Chavannes et un Carrière sont aussi opposés qu'un Redon ou un Maurice Denis. Les deux premiers seront d'ailleurs à l'origine de la sécession de la Société nationale des beaux-arts (1890),...

Voir aussi