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OCÉAN ET MERS (Géologie sous-marine) Étude des fonds sous-marins

La description du monde minéral et la reconstitution historique des phénomènes géologiques restèrent longtemps essentiellement limitées aux continents. C'est seulement depuis le milieu du xxe siècle que l'étude géologique des régions immergées, qui occupent 72 p. 100 de la surface du globe, a connu un développement vraiment spectaculaire. Certes, le Challenger, lors de sa fameuse expédition de 1872 à 1876, avait ramené de nombreuses informations, mais elles étaient ponctuelles, car on ignorait à l'époque les techniques d'observation continue le long d'un profil. En outre, la répartition était très hétérogène par rapport à la superficie totale des océans (environ 360 millions de kilomètres carrés). Par la suite, les connaissances s'accrurent notablement, surtout en ce qui concerne la morphologie et la description des sédiments marins (croisière du Meteor en 1924, par exemple) ; mais ce n'est guère qu'après la Seconde Guerre mondiale que, la technique géophysique faisant de rapides progrès, on a pu disposer de données objectives permettant de décrire la lithosphère sous l'océan et, partant, d'améliorer grandement les théories de l'évolution de la Terre.

Chacun des progrès de la géologie des régions immergées peut être relié à la naissance d'une technologie nouvelle, cette dernière apportant un surcroît de connaissances qui vient alimenter la réflexion des géologues et des physiciens du globe. Ce n'est qu'à la fin des années 1960 que le forage en eau profonde fut mis au point ; son apport est devenu capital. La géophysique, en raison de sa facilité de mise en œuvre en mer, est plus économique qu'à terre et constitue l'outil de choix du géologue marin. Il faut signaler également l'importance d'une localisation précise des navires sur les océans, rendue possible par diverses méthodes (radionavigation, satellites) ; elle est nécessaire pour que les résultats obtenus par les techniques d'investigation des fonds marins prennent toute leur valeur.

On considère comme étant du domaine de la géologie sous-marine l'étude des côtes et des lignes de rivage, dans la mesure où elles sont liées à la mer et à ses processus, ainsi que celles du plateau continental (plate-forme plus ou moins large qui borde la majeure partie des côtes), de la pente continentale et du glacis, qui relient le plateau aux grands fonds, et des zones océaniques profondes. Elle prend en considération la topographie des fonds marins, la nature des sédiments ainsi que les données géophysiques qui fournissent des indications sur la structure géologique.

Structure des océans

Apports de la gravimétrie

Dès 1923, le géodésien et géophysicien néerlandais F. A.  Vening-Meinesz commençait une série de mesures de la pesanteur en mer. Il travaillait en sous-marin, de façon que la houle ne perturbe pas les mesures, et utilisait un appareillage spécial. Son résultat principal résidait dans la constatation que, comme à terre, le relief a un effet gravimétrique très inférieur à ce que l'on pourrait attendre. Il y a donc quelque part un mécanisme compensateur du relief pour ce qui concerne la pesanteur. La notion de l'équilibre isostatique de la croûte terrestre, considérée comme flottant sur le matériau plus dense du manteau, est maintenant admise. On en tire alors nécessairement la conclusion générale que, si le matériau du manteau est le même sous les océans et sous les continents, la croûte sous les océans est plus mince et plus dense que la croûte continentale. Elle a une épaisseur comprise entre 6 et 7 kilomètres sous le fond si celui-ci se trouve à une profondeur de 5 kilomètres sous la surface. Il y a donc un type caractéristique de croûte que l'on peut dire océanique et que l'on trouve au-delà des marges continentales.

Il faut cependant[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche à l'Institut français du pétrole, professeur à l'Institut océanographique et à l'École nationale supérieure de techniques avancées
  • : directeur de l'objectif exploration, Institut français du pétrole
  • : directeur de l'objectif exploration, Institut français du pétrole

Classification

Pour citer cet article

Gérard GRAU, Lucien MONTADERT et Claude SALLÉ. OCÉAN ET MERS (Géologie sous-marine) - Étude des fonds sous-marins [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Âge de la croûte océanique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Âge de la croûte océanique

Profil de sismique-réflexion en Manche - crédits : Encyclopædia Universalis France

Profil de sismique-réflexion en Manche

Profil de sismique-réflexion réalisé avec le procédé Flexotir - crédits : Encyclopædia Universalis France

Profil de sismique-réflexion réalisé avec le procédé Flexotir

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par Jean-Pierre PINOT
    • 7 916 mots
    • 26 médias

    Les accumulations marines résultent soit de la sédimentation, soit de la construction biologique (cf. récifs).

    La sédimentation est l'abandon de matériaux meubles en cours de transport. L'agent de transport, s'il s’exerce de manière temporaire, donne lieu à des accumulations...

  • ACIDIFICATION DES OCÉANS

    • Écrit par Paul TRÉGUER
    • 2 201 mots
    • 5 médias

    Par sa capacité à dissoudre les gaz atmosphériques responsables de l'effet de serre, l'océan joue un rôle essentiel dans la régulation du climat. Toutefois, l'absorption de l'excès de dioxyde de carbone (CO2) rejeté par les activités humaines (anthropiques) depuis 1850...

  • ADRIATIQUE MER

    • Écrit par Universalis
    • 692 mots

    La mer Adriatique est un bras de la mer Méditerranée situé entre les péninsules italienne et balkanique. À son extrémité sud-est, le canal d'Otrante la relie à la mer Ionienne. Elle mesure environ 800 kilomètres de longueur, avec une largeur moyenne de 160 kilomètres, une profondeur maximale de...

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Les plaines côtières de l'Atlantique et du golfe du Mexique se suivent du New Jersey au Yucatán. Leur genèse est étroitement liée à l'évolution de l'Atlantique et aux transgressions et régressions marines qui se sont succédé depuis le Jurassique.
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Voir aussi