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MATÉGOT MATHIEU (1910-2001)

Mathieu Matégot est né le 4 avril 1910 en Hongrie à Tapio-Sully, village situé à une vingtaine de kilomètres de Budapest. Il débute comme décorateur au Théâtre national de la capitale après avoir suivi une formation artistique à l'Académie Jaschick et à l'école des Beaux-Arts. Âgé de dix-neuf ans, il quitte son pays pour découvrir l'Europe de l'Ouest, le continent américain et choisit de s'installer à Paris. En 1931, le jeune immigré est étalagiste aux Galeries Lafayette mais parvient rapidement à se faire embaucher chez un éditeur de meubles. En 1933, Matégot dessine, de façon anonyme, du mobilier en rotin dont il est l'un des premiers à remettre l'emploi à l'honneur. En 1939, il s'engage comme volontaire pour combattre l'Allemagne. Fait prisonnier, réquisitionné dans une usine fabricant des accessoires mécaniques, il est amené à travailler la tôle : le décorateur comprend alors les possibilités offertes par ce matériau.

Naturalisé français à la Libération, Matégot crée sa propre société de décoration et met en application ses idées. Il fait breveter le rigitule, procédé qui consiste à plier la tôle en accordéon pour en augmenter la résistance et dessine une gamme de meubles et d'objets. À mi-chemin entre le design et la décoration, le mobilier qu'il conçoit traduit une recherche tendant à la création d'un mobilier fonctionnel, pensé avec une économie de moyens et la recherche de formes astucieuses. Les noms qu'il donne à ses sièges traduisent une fantaisie caractéristique de l'après-guerre, Copacabana, Panama, Papillon. Sa chaise à trois pieds, Nagasaki, conçue vers 1950, sera son modèle le plus célèbre. À la tôle qu'il laque, plie et perfore, Matégot ajoute des matériaux traditionnels – le bois, le rotin – et des matières plastiques – le skaï, le formica.

Assurant lui-même sa production, Matégot possède deux ateliers, l'un à Paris qui emploie jusqu'à vingt ouvriers et un second au Maroc, à Casablanca. Cette production qui s'assimile à du mobilier de série est l'une des premières réussites du genre en France. Le mobilier est confié à des distributeurs ou à des décorateurs qui en garantissent la diffusion. Mais Matégot conçoit aussi des meubles qui ne sont édités qu'à quelques exemplaires. Présent au Salon des artistes décorateurs et au Salon des arts ménagers, il fait également œuvre de décorateur et réalise de nombreux aménagements privés et publics. Ainsi il réalise un des foyers de la Maison de la radio à Paris ou le bar de l'aérodrome de Tit Melin au Maroc.

En 1959, alors que sa société vient de prendre une dimension internationale avec l'ouverture d'un bureau d'étude à Londres, il la cède à ses associés qui vont exploiter celle-ci jusqu'en 1964. Mathieu Matégot choisit d'enseigner à l'école des Beaux-Arts de Nancy, sa vraie passion, la tapisserie, découverte à la veille de la guerre.

Il avait rejoint le groupe formé autour de Jean Lurçat, adhérant, en 1950, à l'association des peintres cartonniers de tapisserie. Matégot impose l'abstraction, faisant basculer dans la réalité de l'art contemporain cet art séculaire bridé par la tradition. Cette modernité ne l'empêche pas d'étudier et de remettre à l'honneur des techniques oubliées remontant au Moyen Âge, comme sa technique du piqué qui permet d'obtenir des dégradés de couleurs ou des effets irisés. S'imposant rapidement comme un maître de la tapisserie contemporaine, Mathieu Matégot attire à lui de prestigieux commanditaires : en France, l'État dès 1950, Radio France, le conseil général de Haute-Normandie à Rouen mais aussi à l'étranger, The Banker Trust Company à New York et le musée de l'Air et de l'Espace à Washington, et la National Library of Australia à Canberra.[...]

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Pierre-Emmanuel MARTIN-VIVIER. MATÉGOT MATHIEU (1910-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )