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MAHDISME

Terme arabe qui signifie « celui qui est guidé » et, par extension, étant donné que toute sage directive vient de Dieu, « celui qui est guidé par Dieu dans la bonne voie », mahdī désigne, dans l'islam (avec un succès prédominant dans le Maghreb), un prophète qui doit venir à la fin des temps pour purifier la communauté, rassembler les croyants et convertir le monde à la foi musulmane. Cette notion, qui, au cours de l'histoire, s'est enrichie d'aspects eschatologiques apparentés au millénarisme chrétien, s'appuie sur un certain nombre de ḥadīths selon lesquels le Prophète avait annoncé lui-même le retour ou l'avènement d'un mahdī. Selon Koleib ibn Djaaber, Mahomet aurait dit : « Après moi, il y aura des califes, des émirs ; après les émirs, des rois superbes ; c'est alors que viendra le mahdī, il sortira de ma famille et il remplira le monde de justice. » Ibn Abbas prête au Prophète cette parole : « Quatre croyants et infidèles ont régné sur le monde : les croyants sont Zoulkarneïn (Alexandre le Grand) et Soleïman (Salomon) ; les infidèles Nemrod et Bokht-en-Nsar (Nabuchodonosor) ; le cinquième qui le gouvernera sera le mahdī ; il sortira de ma famille. »

Cette espérance a donné lieu à des computations qui ont fixé la venue du mahdī, par exemple à l'année 200 de l'hégire, et elle a surtout servi à certains insurgés politico-religieux qui se sont emparés du titre de mahdī pour accréditer leurs idées de réforme et entraîner la masse des croyants. Il serait difficile d'établir une liste de ces réformateurs, leur référence à cette notion n'étant pas toujours explicite. On pourrait citer Obaidallah al-Mahdī (909-934), initiateur de la dynastie fatimide en Afrique du Nord et en Égypte ; Abdallah ibn Tūrmart qui, au xiie siècle, a lancé la secte dynastique des Almohades à la conquête de l'Espagne ; le mahdī d'Égypte ; Muḥammad Aḥmad, dit le mahdī du Soudan.

Cependant, la notion de mahdī semble assez suspecte au moins dans de larges secteurs de l'islam. Les Wahhabites d'Arabie (xviiie s.) et les Senoussis de Libye (début du xxe s.) se gardent de s'y référer, le sunnisme orthodoxe considérant que le mahdī n'a pu venir encore. D'autre part, le shī‘isme, avec sa notion d'imām, qui correspondait à celle du mahdī, se fait une conception plus mystique et plus ésotérique de ce personnage qui, historique cependant, est l'ami de Dieu et le dépositaire de son esprit.

— Yves THORAVAL

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Écrit par

  • : diplômé de l'Institut national des langues et civilisations orientales, docteur de troisième cycle

Classification

Pour citer cet article

Yves THORAVAL. MAHDISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ‘ALĪ IBN ABĪ ṬĀLIB (600 env.-661)

    • Écrit par Georges BOHAS
    • 664 mots

    Cousin de Muḥammad, et l'un des premiers convertis à l'islam. En 623 (ou 624), ‘Alī épouse Fāṭima, fille du Prophète et de sa première épouse, Khadīdja. À la mort du Prophète, en 632, il ne lui succède pas à la tête de la communauté : ce n'est qu'en 656 qu'il sera élu calife. La légende et...

  • ALMOHADES

    • Écrit par Maxime RODINSON
    • 966 mots
    • 2 médias
    ...Suivant l'exemple du Prophète, il se fit chef d'une communauté qu'il organisa pour l'action politique et militaire au service de ses idées. Il se déclare mahdī et rallie les Harga et une grande partie des Masmūda, tirant parti de l'hostilité de ces paysans montagnards envers les nomades sahariens du groupe...
  • ANSARS ou ANÇĀRS

    • Écrit par Yves THORAVAL
    • 724 mots

    Nom donné aux croyants de Médine qui recueillirent et protégèrent le prophète Mahomet lors de sa fuite de La Mecque, les Ansars (en arabe : les défenseurs) sont souvent appelés : Ansar An-Nabi (« défenseurs du Prophète »). Au Soudan, les Ansars, ralliés au parti Umma, sont l'une...

  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Ghassan SALAMÉ
    • 25 169 mots
    • 10 médias
    ...grandes tribus de la péninsule. Ils appellent à la chute de la dynastie au pouvoir et à la condamnation de toute compromission avec les États non islamiques. Ils appellent les fidèles présents dans les Lieux saints à suivre un envoyé (mahdi) choisi par eux, en fait le beau-frère de Jouhayman. Les autorités...
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Voir aussi