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MOLINA LUIS DE (1536-1600)

Jésuite espagnol, célèbre par la querelle qu'il déclencha à propos de la liberté et de la grâce, Luis Molina, né dans une illustre famille, entra à dix-huit ans dans la Compagnie de Jésus, à Alcalá, où il avait fait ses études ; après son noviciat à Lisbonne, il fut envoyé à Coïmbre (Portugal) pour son scolasticat de philosophie, où il eut peut-être Pedro da Fonseca comme professeur. Puis il enseigna la philosophie à Coïmbre pendant quatre années avant d'étudier, à Évora et à Coïmbre, la théologie. Pendant vingt ans, Molina fut professeur de théologie à Évora ; puis il retourna en Espagne. Il y mourut l'année même où il était appelé à occuper la chaire de théologie morale de Madrid.

Esprit curieux, âpre à la dispute scolatique, Molina aurait mené une vie universitaire sans éclat et ses traités de morale, ainsi que son Commentaire de la Somme théologique (Commentaria in primam partem divi Thomae, 1592), ouvrages estimables, ne lui auraient guère valu de gloire posthume, si sa Concorde du libre arbitre avec les dons de la grâce (Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis, 1588) n'avait, dès sa parution, soulevé les objections des théologiens dominicains de Salamanque. Molina se défendit habilement et publia en 1589 un Appendice de quarante-quatre pages (parfois relié avec l'édition originale de la Concordia). Autour de ce livre dont l'auteur publia à Anvers, en 1595, une édition remaniée, s'est développé le conflit sur la grâce et la liberté humaine qui anima les controverses théologiques du xviie siècle, notamment avec les congrégations de auxiliis, réunies pour examiner et discuter les principales thèses du molinisme, que les Jésuites défendirent contre l'école thomiste représentée par les Dominicains.

— Jean-Robert ARMOGATHE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses

Classification

Pour citer cet article

Jean-Robert ARMOGATHE. MOLINA LUIS DE (1536-1600) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JANSÉNISME

    • Écrit par Louis COGNET, Jean DELUMEAU, Maurice VAUSSARD
    • 4 133 mots
    • 2 médias
    ...faire préférer la délectation céleste à la délectation terrestre. Cette grâce est irrésistible, mais n'est pas accordée à tous les hommes. Le jésuite Luis de Molina (1536-1600) avait au contraire assuré qu'une grâce suffisante apporte en toute circonstance le concours divin nécessaire pour faire le bien...
  • JÉSUITES ou COMPAGNIE DE JÉSUS

    • Écrit par Jean DELUMEAU, Universalis
    • 4 390 mots
    • 1 média
    ...donnée ne l'obtiennent pas d'après le mérite de leurs œuvres ni d'après celui de leur volonté... » (saint Augustin). Au contraire, dès 1588, le jésuite Molina avait exprimé une thèse beaucoup plus optimiste : chaque fois que nous nous efforçons de faire le bien par nos « seules forces naturelles », le...
  • MOLINISME

    • Écrit par Jean-Robert ARMOGATHE
    • 768 mots

    On appelle communément molinisme la doctrine de la liberté et de la grâce enseignée par l'ouvrage de Luis de Molina intitulé Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis (1588). Mais il existe un molinisme d'avant Molina ; le fond du débat est bien antérieur à l'ouvrage du jésuite espagnol...

  • LES PROVINCIALES, Blaise Pascal - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 419 mots
    • 1 média
    ...« narrataire » qui découvre tout : il faut donc peindre avec ironie la grâce suffisante des uns et représenter avec feu la grâce efficace des autres. La position moliniste (de Luis de Molina, théoricien religieux et jésuite espagnol) postule en effet que Dieu veut sauver tous les hommes et qu'il ne...