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KONYA ou KONIA, anc. ICONIUM

Turquie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Turquie : carte administrative

La ville de Konya, ou Konia, est l'ancienne Iconium, dont l'étymologie est incertaine. Elle est située en Anatolie méridionale, à 1 026 mètres d'altitude sur le plateau des steppes arides de la Lycaonie. Dans cette importante région céréalière, le climat est typiquement continental. Si l'on en croit une légende phrygienne, Konya aurait été la première ville à émerger après le Déluge. Sur l'actuel Ala et-Tin Tepesi, la colline de Konya, on a retrouvé des fragments de céramique datant du IIIe millénaire avant J.-C., ainsi que les traces d'une influence hittite sur la région au IIe millénaire avant J.-C. À partir du iiie siècle, la région connut une profonde hellénisation pour la langue et la culture, mais les traditions locales furent maintenues et, dans la seconde moitié du iiie siècle de notre ère, le phrygien était encore parlé à Konya. Les Romains furent les premiers à exercer une domination effective et à influer sur la civilisation locale. Saint Paul et saint Barnabé vinrent entre 45 et 47 évangéliser la région, où se trouvaient de nombreuses colonies juives ; saint Paul y passa en 50 et en 53, et s'adressa alors aux Galates. À l'époque byzantine, Iconium est le centre du thème anatolique. Trois siècles durant, Konya subit des raids menés par les Arabo-Musulmans, jusqu'à ce qu'ils soient, à la fin du xe siècle, refoulés hors de l'Anatolie. La progression des Turcs aboutit en 1069 à la mise à sac de Konya par les Seldjoukides, qui, après la bataille de Mantzikert (1071), chassent les Byzantins de l'Anatolie méridionale et occupent Konya. Un quart de siècle plus tard, les croisés ayant pris Nicée, la capitale du sultanat de Rūm est transférée à Konya. De 1155 à 1174, elle sera alternativement en conflit avec le basileus Manuel et Nūr ad-Dīn, l'unificateur de la Syrie. En 1192, Kaykhosraw prend possession de Konya ; alors commence pour la ville une période florissante dont l'apogée sera marquée par le règne d'Alā' ad-Dīn. Au xiiie siècle, le sultanat de Rūm va être secoué par les rivalités familiales des Seldjoukides. Un poète mystique, originaire de Balkh, Djalāl ad-Dīn Rūmī Mawlāna (mort en 1273), y fonde à cette époque l'ordre des Mawlāwiyya, connus sous le nom de derviches tourneurs. Après la dislocation du sultanat de Rūm, Konya décline et devient une ville secondaire de l'émirat de Karamanie. En 1390, Bayézid Yildirim assiège en vain Konya. Tamerlan, après la victoire d'Ankara, prend la ville en 1402, puis la restitue aux Karamanides. En 1467, Mehmet II l'intègre à l'Empire ottoman ; elle sera désormais gouvernée par des princes nommés par la Sublime Porte, et ne connaîtra aucun événement marquant avant 1832, date de son occupation par Ibrāhīm Pasha ; celui-ci dut évacuer la région sous la pression des grandes puissances européennes. En 1907 commence la construction de la voie ferrée qui devait redonner à Konya sa fonction de carrefour des voies de communication entre l'Europe et l'Orient, fonction qu'elle avait eue dans l'Antiquité. Depuis la proclamation de la république en 1923, Konya s'est beaucoup développée et demeure l'une des grandes villes de Turquie (742 000 hab. au recensement de 2000).

Sous le règne d'Alā' ad-Dīn Kaykubād, Konya fut un des centres les plus importants de l'art seldjoukide et connut un éclat particulier. L'enceinte, dont il reste peu de vestiges, est l'œuvre de ce dernier. Construite avec des matériaux de remploi, elle avait cent huit tours avec des reliefs d'animaux et des inscriptions encastrées. Sur le tertre de la citadelle se dresse la mosquée d'Alā ad-Dīn Kaykubād. Commencée en 1156, elle fut construite en plusieurs campagnes. Dans la partie médiane du sanctuaire primitif s'élève une [...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon

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Pour citer cet article

Nikita ELISSÉEFF. KONYA ou KONIA, anc. ICONIUM [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Turquie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Autres références

  • LYCAONIE

    • Écrit par Xavier de PLANHOL
    • 116 mots

    Province antique de l'Asie Mineure, la Lycaonie ne connut de réelle individualité qu'au Bas-Empire. Occupant le sud de la steppe centre-anatolienne, elle couvre le rebord intérieur du Taurus central et les plaines voisines. Le site de la ville principale, Konya (l'ancienne Iconium), est...

  • SELDJOUKIDES

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 2 829 mots
    • 2 médias
    ...de reconquête byzantine grâce à sa victoire de Myriokephalon (nov. 1176). Ainsi, peu à peu, s'est consolidé cet État seldjoukide dont la capitale était Konya et qui dominait tout le plateau anatolien ; au début du xiiie siècle, Kaykhosraw Ier, puis Kayka'ous Ier et enfin Kayqobad Ier l'ont conduit...
  • TRÉBIZONDE EMPIRE DE

    • Écrit par Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU
    • 999 mots

    À la veille de la quatrième Croisade, deux petits-fils d'Andronic Ier Comnène, Alexis et David, qui avaient été sauvés de la destruction générale de la maison des Comnènes (1185), s'enfuirent à Trébizonde. Là, aidés par leur tante maternelle, la légendaire reine d'Ibérie Thamar ou Tamara,...

Voir aussi