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SCHEIN JOHANN HERMANN (1586-1630)

Typologie de l'œuvre

Les œuvres profanes et religieuses, publiées à Leipzig (ou dans des recueils collectifs), illustrent la fusion entre l'héritage allemand et l'esthétique italienne ; elles sont marquées à la fois par la Réforme luthérienne et par le nouveau style. Le Venus-Kräntzlein (œuvres vocales et instrumentales) de 1609, publié à Wittenberg et contenant des pages vocales et instrumentales, le recueil Cymbalum Sionium (de cinq à douze voix), publié à Leipzig en 1615, et les quinze Cantiones sacrae (motets sur des textes allemands et latins), édités en 1616, se réclament encore de la Prima Pratica, dans le sillage de Sethus Calvisius, de Leonhard Lechner, de Michael Praetorius, mais démontrent déjà la recherche d'un style personnel privilégiant les contrastes, la technique concertante, les effets dramatiques et la traduction musicale figurative des images et des idées du texte. Il en est de même du Banchetto musicale (1617) contenant vingt suites (avec des danses : paduane, gagliarde, allemande...) pour instruments ad libitum (« auf allerley Instrumenten » – pour toutes sortes d'instruments – mais de préférence « auf Violen »).

La Secunda Pratica commence dès 1618, avec la première partie de l'œuvre Opella nova, avec la Musica boscareccia (chansons profanes) en 1621, 1626 et 1628, et les Geistliche Concerten (concerts spirituels) à trois, quatre et cinq voix et basse continue, à la manière italienne. Dans ces pages, Schein a adapté – avant Schütz et Scheidt – la technique du concert vocal (pour solistes) aux chorals luthériens allemands ; l'héritage de la Réforme rejoint le nouveau style « concertant ». La seconde partie (1626) du recueil Opella nova contient également des « concerts » à base de chorals et avec des instruments obligés selon la technique du bicinium et du tricinium (à deux ou trois voix) reprenant la première strophe du choral traité mélismatiquement. Il s'agit de concerts pour petit effectif (compte tenu des difficultés occasionnées par la guerre de Trente Ans, qui bat son plein en 1626) : deux sopranos et basse continue ; deux sopranos, un ténor et basse continue, avec quelques instruments obligés, ou avec un chœur s'ajoutant aux effectifs précédents. Par le truchement de la musique, Schein se livre à un genre d'exégèse biblique, et propose en quelque sorte des petits sermons en musique sur quelques versets. Pour la composition de la basse continue, il prend modèle sur le Syntagma musicum III de Michael Praetorius.

Schein transpose cette structure sonore du concert spirituel dans le domaine profane, comme dans la Musica boscareccia / 50 Wald-Liederlein Auff Italian-Villannellische Invention (à trois voix) de 1621, 1626 et 1628. Pour mettre en musique des textes qui s'inspirent de la mythologie, de la poésie, de la Renaissance italienne, Schein, musicien et poète, reprend le style homophonique et concertant de la villanelle, et s'appuie sur Adriano Banchieri pour l'exécution. Il exploite l'apport italien dans ses madrigaux spirituels – Israelbrünnlein (1623) – et dans ses madrigaux profanes – Diletti Pastorali, Hirtenlust (1624) – à la manière italienne avec traitement madrigalesque du texte et une recherche de profondeur et d'intériorité dans l'expression. Ces madrigaux spirituels, comparables aux Cantiones sacrae et à la Geistliche Chormusik de Schütz, montrent combien Schein a assimilé le style madrigalesque italien tout en manifestant ses attaches avec les sources bibliques (psaumes, Apocalypse), sans oublier quelques compositions libres, peut-être sur des textes du musicien.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

Classification

Pour citer cet article

Edith WEBER. SCHEIN JOHANN HERMANN (1586-1630) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCHEIDT SAMUEL (1587-1654)

    • Écrit par Edith WEBER
    • 1 434 mots
    Scheidt s'est imposé dans l'histoire de la musique allemande, à côté de Schütz et de Schein, en tant que créateur de la variation pour orgue à partir de thèmes de chorals luthériens (par exemple, avec les chorals de la deuxième partie de sa Tabulatura nova, traités en bicinium, en tricinium...

Voir aussi