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KILLY JEAN-CLAUDE (1943- )

Jean-Claude Killy et Guy Périllat - crédits : Universal/ Corbis/ VCG/ Getty Images

Jean-Claude Killy et Guy Périllat

En dix journées de février 1968, Jean-Claude Killy est passé du statut de champion de ski à celui de héros olympique d'une France sportive qui se reconnaissait alors plus dans les courageuses défaites d'un Raymond Poulidor que dans les victoires planifiées d'un Jacques Anquetil. Le triple succès de Killy lors des jeux Olympiques de Grenoble reste un élément qui va permettre au mouvement olympique français de jeter les bases de nombreuses victoires futures.

En outre, Jean-Claude Killy fut le premier champion français qui ait réussi à faire fructifier sa notoriété sportive pour se muer en homme d'affaires. Il sut aussi bien exporter son image aux États-Unis, où il devint « King Killy », que transformer une fabrique de pantalons de ski en difficulté, employant quatre cents ouvrières, pour en faire une entreprise florissante. Autre succès : il porta à bout de bras la candidature d'Albertville à l'organisation des jeux Olympiques d'hiver de 1992. Un moment président de la Société du Tour de France au sein du groupe Amaury, Jean-Claude Killy siégea au Comité international olympique de 1995 à 2014.

Les jeux Olympiques de Grenoble

Jean-Claude Killy naît le 30 août 1943 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Sa famille déménage et s'installe à Val-d'Isère (Savoie), où il apprend le ski. Téméraire, fou de vitesse, il connaît rapidement le succès et intègre l'équipe de France de ski. En 1966, aux Championnats du monde de Portillo (Chili), il participe à la razzia française (16 médailles sur 24 possibles) en remportant la descente et le combiné. La Coupe du monde de ski alpin voit le jour en 1967 : Killy s'adjuge cette première édition – en gagnant vingt-cinq courses sur les trente-six dont il prend le départ –, comme il sera le lauréat de la suivante.

Sûr de son talent, il n'hésite pas à afficher ses ambitions olympiques pour les Jeux de Grenoble, en 1968 : remporter les trois médailles d'or du ski alpin, comme l'Autrichien « Toni » Sailer en 1956 à Cortina d'Ampezzo. Ses multiples déclarations, qui peuvent sembler prétentieuses, surprennent les journalistes plus habitués à la modestie de la plupart des champions français de l'époque. Mais Killy avait rendez-vous avec la gloire, et il ne se déroba pas, en un temps où les cracks du sport français se montraient le plus souvent défaillants le jour J.

Pourtant, le mauvais temps qui régnait sur la station de Chamrousse – théâtre des compétitions alpines des Jeux – aurait pu gâcher la fête. Le départ de la descente, sa première épreuve, est différé de vingt-quatre heures. La course a finalement lieu le 9 février. Maître de ses nerfs, Killy, numéro 14, s'élance alors que son compatriote et ami Guy Périllat, parti le premier, détient toujours le meilleur temps. Sur la piste très technique de 2 890 mètres de Casserousse, il prend tous les risques et devance Périllat de 8 centièmes de seconde : la route vers la gloire tient à quelques centimètres ! Le slalom géant n'est pour Killy qu'une formalité : le Suisse Willy Favre est relégué à plus de 2 secondes.

Pour entrer dans l'histoire du sport, il lui faut remporter le slalom spécial. Le 17 février, le contexte est difficile : un épais brouillard enveloppe progressivement toute la piste. À l'issue de la première manche, Killy est en tête, mais quinze concurrents se tiennent en une seconde. C'est dans la plus grande confusion que Jean-Claude Killy va réaliser l'ultime levée de son grand chelem. Quand les concurrents s'élancent, à 14 heures, le brouillard est encore plus dense. Une demi-heure plus tard, le Norvégien Håkon Mjoen remporte l'épreuve. Mais son « heure de gloire » ne dure que 15 minutes : il a manqué deux portes et, après visionnage au magnétoscope, il se voit disqualifié. La victoire échoit alors à l'Autrichien [...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Jean-Claude Killy et Guy Périllat - crédits : Universal/ Corbis/ VCG/ Getty Images

Jean-Claude Killy et Guy Périllat

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