INTÉGRATION, sociologie
De nombreuses contestations
On peut citer, en premier lieu, la crise de la laïcité. La loi de séparation des Églises et de l'État en 1905 poursuivait une double finalité : émancipation vis-à-vis de la puissance ecclésiastique, intégration dans une collectivité unifiée. Outre sa suppression par le régime de Vichy de 1940 à 1944, un tel cadre a suscité des oppositions plus ou moins vives au cours du xxe siècle et s'est accommodé de divers « arrangements » : pratiques des « retraites », présence d'aumôneries, conventionnement d'établissements d'enseignement privé, exception lorraine ou alsacienne. L'affaire du « foulard islamique » déclenchée en 1989 et conclue en 2004 par l'adoption d'une loi est également très révélatrice de ces tensions.
Des difficultés d'ordre socioéconomique peuvent être ensuite mentionnées. L'augmentation régulière de l'ancienneté moyenne au chômage pose ainsi problème, car elle implique une paupérisation accrue et une exclusion prolongée de la sphère productive. Face à la montée des frilosités et des intolérances, la mise en place de dispositifs de prévention se révèle délicate. Dès lors, et comme l'ont souligné entre autres Dominique Schnapper ou Patrick Weil, si ne se reconstitue pas de nos jours une dynamique d'intégration sur une base républicaine, le risque est celui d'une opposition frontale entre intégrés et exclus au grand bonheur des courants populistes et fondamentalistes antirépublicains.
Signalons enfin l'essoufflement des modes de régulation traditionnels. La montée des phénomènes de désaffiliation ou de ségrégation doit être à cet égard replacée dans un contexte marqué par la remise en cause de l'État-providence et la destructuration des rapports sociaux. Si les sujets de discorde ne manquent pas (songeons à l'octroi du droit de vote et d'éligibilité aux étrangers, aux conditions d'obtention de la nationalité du pays de résidence ou aux mesures de discrimination positive), il n'en demeure pas moins que l'intégration ne se décrète pas et est nécessairement composite et multilatérale.
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Écrit par
- Gilles FERREOL : professeur des Universités
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