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INDONÉSIE L'Indonésie contemporaine

Nom officiel

République d'Indonésie (ID)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Joko Widodo (depuis le 20 octobre 2014)

      Capitale

      Jakarta

        Langue officielle

        Indonésien

          Crise du système politique (1957-1959)

          Anticommunistes indonésiens - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

          Anticommunistes indonésiens

          Au retour de son voyage en URSS et en Chine (novembre 1956), Sukarno, qui a vainement plaidé pour une participation du PKI au gouvernement, propose d'« enterrer les partis » et vilipende la démocratie libérale. Hatta démissionne de la vice-présidence (décembre 1956). Des cas d'insubordination militaire se produisent (tentatives de putsch), tandis que dans les îles extérieures les commandants militaires organisent la contrebande à grande échelle. Le général Nasution est revenu à la tête de l'armée de terre, ayant compris que toute évolution du régime se fera avec et non pas contre Sukarno. Relançant la réorganisation de l'armée, il s'attaque au pouvoir des « commandants régionaux » (panglima) et provoque des réactions violentes. Des rébellions militaires éclatent à Sumatra (novembre 1956), puis à Bornéo (Kalimantan) et à Célèbes. Les rebelles dénoncent les « politiciens » de Djakarta, l'hégémonie de Java, la surpeuplée, qui exploite la richesse des autres îles, le danger communiste. Ils réclament le retour de Hatta aux affaires. En 1958, ils forment à Sumatra, avec des dirigeants du Masjumi et du PSI, un gouvernement rival de celui de Djakarta (PRRI-Permesta). C'est la guerre civile. Des négociations ayant échoué, le général Nasution lance alors une répression armée et occupe rapidement les bases rebelles. La lutte prend fin en 1961.

          Cette rébellion, soutenue par les Américains (Sukarno ne l'oubliera pas), a d'importantes conséquences. La loi martiale proclamée en mars 1957 donne soudain à l'armée d'importants pouvoirs ; le fait qu'elle ait sauvegardé l'État renforce sa demande d'un rôle politique, tandis que l'élimination des chefs rebelles, rivaux de Nasution, confère à celui-ci une autorité sans précédent. Par ailleurs, en novembre 1957, la campagne pour l'Irian devient plus agressive. Les syndicats de gauche saisissent les biens des Hollandais qui sont expulsés. Aussitôt, l'armée en prend le contrôle et le conserve lorsque ces entreprises sont nationalisées. Elle entend bien profiter de ces nouveaux avantages politiques et économiques.

          Entre-temps, Sukarno a ressaisi l'initiative. Il propose (février 1957) d'abandonner la démocratie « à l'occidentale » qui ne convient pas à l'identité indonésienne pour une « démocratie dirigée » qui referait l'unité nationale. Tous les partis seraient représentés au gouvernement et un conseil national regrouperait des représentants des « groupes fonctionnels », reflétant la société plus directement que les partis au Parlement. On en reviendrait aux valeurs traditionnelles de musjawarah (discussions) et de mufakat (consensus) au lieu du décompte des voix.

          Si les partis regimbent, le général Nasution, lui aussi hostile aux partis, soutient l'évolution qui se dessine. Le gouvernement Djuanda (avril 1957), dit « de travail », n'est plus fondé sur les partis dont le rôle perd désormais de l'importance. Extra-constitutionnel, le Conseil national devient le lieu des discussions sur le nouveau système politique. Elles sont dominées par le rapprochement – d'ailleurs limité – de Sukarno et de Nasution qui souhaitent tous deux écarter le système des partis au profit d'un exécutif fort. Pour Nasution (qui poursuit, pacifiquement, la manœuvre de 1952), l'armée ne doit pas prendre le pouvoir par un coup d'État (comme le bruit en court), mais y participer, ne pas être la « grande muette » : c'est la « voie moyenne » définie en novembre 1958. L'idée des groupes fonctionnels est le moyen de donner à l'armée le rôle qu'elle demande, et, au-delà des divisions idéologiques et partisanes, de renforcer l'unité nationale selon le principe de la « grande famille » – vision corporatiste de l'État opposée à l'analyse marxiste. Sukarno envisage de former avec les groupes[...]

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          Écrit par

          • : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris
          • : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
          • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

          Classification

          Pour citer cet article

          Romain BERTRAND, Françoise CAYRAC-BLANCHARD et Universalis. INDONÉSIE - L'Indonésie contemporaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

          Médias

          Guerre dans l'océan Indien, 1941 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

          Guerre dans l'océan Indien, 1941

          Prisonniers de guerre néerlandais - crédits : Keystone/ Getty Images

          Prisonniers de guerre néerlandais

          Sukarno, 1945 - crédits : Express Newspapers/ Hulton Archive/ Getty Images

          Sukarno, 1945

          Autres références

          • INDONÉSIE, chronologie contemporaine

            • Écrit par Universalis
          • ANANTA TOER PRAMOEDYA (1925-2006)

            • Écrit par Etienne NAVEAU
            • 847 mots

            Romancier, essayiste et biographe, auteur d'une œuvre largement diffusée et traduite, Pramoedya Ananta Toer (dit Pram) est sans conteste la figure la plus marquante de la littérature indonésienne du xxe siècle. Né en 1925 à Blora, ville située sur la côte nord de Java, Pram prit part...

          • ANDERSON BENEDICT (1936-2015)

            • Écrit par Universalis
            • 1 202 mots

            L’historien et politologue irlandais Benedict Anderson tient une place importante dans l’historiographie anglo-saxonne pour ses travaux sur les origines du nationalisme.

            Benedict Richard O’Gorman Anderson est né le 26 août 1936 à Kunming, dans le sud de la Chine, où son père occupe un poste au Bureau...

          • ASEAN (Association of South East Asian Nations) ou ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique)

            • Écrit par Anne-Marie LE GLOANNEC
            • 226 mots

            Organisation internationale fondée en août 1967 par l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande pour remplacer l'Association de l'Asie du Sud-Est (A.S.A.), l'Association des nations du Sud-Est asiatique vise à coordonner l'action de gouvernements hostiles...

          • ASIE (Structure et milieu) - Géologie

            • Écrit par Louis DUBERTRET, Universalis, Guy MENNESSIER
            • 7 933 mots
            La structure des orogènes de l'Indonésie reflète un modèle commun, à savoir une disposition arquée réalisée à partir d'un foyer orogénique, comprenant un arc interne volcanisé et un arc externe non volcanisé affecté d'anomalies négatives de la pesanteur. Celles-ci se localisent actuellement le long...
          • Afficher les 90 références

          Voir aussi