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HÔTEL-DIEU

Terme générique qui s'est imposé à partir de la fin du Moyen Âge pour désigner l'hôpital principal de nombreuses villes. À l'origine, il est malaisé de distinguer les hôtels-Dieu des hospices et des hôpitaux. Il semble cependant qu'on ait voulu désigner ainsi les établissements charitables fondés et contrôlés par les évêques, représentants par excellence de l'Église, de ceux qui le furent par les couvents ou les laïcs. L'hôtel-Dieu, placé près de la cathédrale et administré par le chapitre, se trouvait ainsi normalement dans une cité.

À l'origine, il accueillait toutes les infortunes : pèlerins, pauvres, vieillards impotents, malades. Mais, peu à peu, la création de nouveaux établissements dans la ville permit une certaine spécialisation : l'hôtel-Dieu, fermé aux pèlerins, se réserva la plupart des malades.

Cependant, les soins s'adressaient davantage à l'âme qu'au corps, d'où l'importance donnée à la confession, à la communion des malades et à leur assistance aux offices : la grande salle commune était souvent une véritable chapelle (hôtel-Dieu de Beaune). La technique médicale est reléguée au second plan : sirops, saignées ou bains. Ce n'est qu'au xive siècle et dans les grands hôpitaux qu'apparaissent des médecins et des barbiers (alors chirurgiens) attachés à demeure. Les malades, sauf les plus gravement atteints, sont entassés à trois ou quatre par lit, au mépris de la contagion. L'hôtel-Dieu forme ainsi un dangereux foyer d'infection au cœur de la ville.

Le personnel est plus nombreux que dans les autres établissements. Frères et sœurs, engagés au service du Christ et suivant en général la règle de saint Augustin, forment une communauté religieuse qui se trouve parfois rattachée à des instituts desservant plusieurs hôtels-Dieu. Souvent ils administrent aussi le patrimoine de l'établissement.

Les hôtels-Dieu les plus célèbres sont, en France, ceux de Beaune et de Paris. Il semble que l'on puisse comparer leur âge d'or et leur aire d'extension à ceux de l'art gothique.

— Gabriel LLOBET

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, professeur au lycée Léonard-Limosin, Limoges

Classification

Pour citer cet article

Gabriel LLOBET. HÔTEL-DIEU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FILLES-DIEU INSTITUTION DES

    • Écrit par Antoinette CHAUVENET
    • 740 mots

    D'après la Chronique de Tours, l'institution des Filles-Dieu remonte à l'année 1225. À cette époque, Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris, ayant par ses prédications converti un grand nombre de femmes de mauvaise vie, les réunit dans un hôpital construit en 1226, auquel fut...

  • HÔPITAL (HISTOIRE DE L')

    • Écrit par Robert-Frédéric BRIDGMAN, Universalis
    • 4 224 mots
    • 4 médias
    ...mais il faut attendre le xiie siècle pour que les agglomérations urbaines en croissance soient dotées de structures hospitalières plus importantes. Selon les directives du concile d'Aix-la-Chapelle de 816 (canons 142-143), les hôtels-Dieu flanquent la plupart des églises, cathédrales, grands bâtiments...
  • HÔPITAL & HOSPICE, architecture

    • Écrit par Claire VIGNES
    • 1 266 mots
    • 1 média

    L'organisation de l'assistance n'est pas propre au monde médiéval. La Grèce antique avait créé un organisme comme le Prytanée, où le citoyen ayant mérité de la patrie pouvait trouver les soins dont il avait besoin. Des traitements médicaux étaient dispensés dans des cliniques privées ou ...

  • HOSPICE

    • Écrit par Gabriel LLOBET
    • 353 mots

    Pendant longtemps on ne put distinguer les hospices des hôpitaux ; mais l'institution des hôtels-Dieu, à la fin du Moyen Âge, leur permit un début de spécialisation. Certes, aucune misère ne fut indifférente aux pieux fondateurs (couvents, riches particuliers, municipalités). Cependant dans les villes,...

Voir aussi