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FILLES-DIEU INSTITUTION DES

D'après la Chronique de Tours, l'institution des Filles-Dieu remonte à l'année 1225. À cette époque, Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris, ayant par ses prédications converti un grand nombre de femmes de mauvaise vie, les réunit dans un hôpital construit en 1226, auquel fut donné le nom d'hôpital des Filles-Dieu. Le but de cette fondation était de « retirer des pécheresses qui, pendant toute leur vie, avaient abusé de leur corps et, à la fin, étaient en mendicité ». Cet hôpital était situé entre l'ancienne porte de Paris et la léproserie de Saint-Lazare. Il constituait un domaine de huit arpents, où les Filles-Dieu non seulement recevaient les dîmes mais aussi avaient juridiction et seigneurie basse et moyenne. Louis IX leur assigna une rente de 400 livres parisis et de deux muids de blé ; il agrandit notablement les bâtiments de leur hôtel et leur concéda une prise d'eau sur la fontaine de Saint-Ladre.

Bien que cette maison ne constituât pas un hôtel-Dieu proprement dit, elle était mise au rang des lieux piétables sur lesquels s'étendait le pouvoir du visiteur général. L'édifice comprenait un dortoir et un réfectoire, qui pouvait abriter deux cent soixante Filles-Dieu. L'église, élevée à côté de la maison, était dédiée à Madeleine, patronne des converties.

Peu à peu, le recrutement se modifia et la maison finit par ne plus recevoir que des filles pieuses désireuses de s'adonner en commun aux exercices de dévotion, sans toutefois être soumises à la rigueur d'une véritable règle religieuse. La communauté devint un véritable béguinage.

En 1280, la peste et la famine emportent un grand nombre d'entre elles. Au xive siècle, l'évêque de Paris, Fouques, décide que leur nombre serait réduit à soixante et qu'à l'avenir la communauté se composerait de quarante sœurs capables de chanter l'office et de vingt autres pour lesquelles cette condition ne serait pas requise, toutes devant être de vie et de mœurs irréprochables. En 1350, le roi Jean le Bon s'oppose à la réduction prescrite, fixe à cent le nombre des sœurs et stipule que, contrairement à la pratique observée par les gens du Trésor au cours des dernières années, on fournirait à l'avenir aux Filles-Dieu les 400 livres promises par Saint Louis. Mais, lors de la guerre des Anglais, sous le règne de Charles V, le prévôt des marchands et les échevins de Paris, ayant fait élever la bastille de Saint-Denis, font raser l'hôtel ; et les religieuses sont dispersées. Elles sont réinstallées dans des bâtiments voisins de l'emplacement primitif, dans l'hôpital ou maison-Dieu Sainte-Madeleine, rue Saint-Denis, fondé par Imbert de Lions, bourgeois de Paris, et destiné à recevoir les femmes mendiantes qui passeraient à Paris : elles devaient y être logées une nuit et congédiées le lendemain matin avec un pain et un denier. Les Filles-Dieu bâtirent en cet endroit des lieux réguliers séparés de la salle de l'hôpital. Elles chantaient les offices, et quelques sœurs converses entretenaient les douze lits destinés aux femmes mendiantes de passage.

Mais dans la suite, cette maison dépérit ; on n'y célébrait plus le service divin, les bâtiments tombaient en ruine et l'hôpital fut abandonné. Aussi le roi Charles VII la donna-t-il aux religieuses réformées de l'ordre de Fontevrault, en 1483.

Celui-ci ne prit possession du couvent qu'en 1496, en raison de l'opposition manifestée par le maître des Filles-Dieu (il le conserva jusqu'à la Révolution). En 1496, on commença la construction d'une église. Les religieuses n'abandonnèrent pas la mission de charité des Filles-Dieu. Au témoignage de Du Breuil, en 1612, l'hôpital fonctionnait toujours et deux femmes veuves et âgées y servaient pour recevoir les pauvres. À cette pratique des œuvres de miséricorde se rattache[...]

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Antoinette CHAUVENET. FILLES-DIEU INSTITUTION DES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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