HABITAT L'habitat contemporain
Regards sur l'avenir
L'utopie et le futur
L'envahissement progressif de grands espaces libres par d'innombrables constructions suscite chez beaucoup d'urbanistes l'idée de villes entièrement en hauteur n'occupant qu'une très faible surface au sol. C'est ainsi qu'un projet italien (de Loris Rossi et Donatella Mazzoneli) étudie les conditions de réalisation d'une véritable ville en forme de plaque d'un kilomètre de long, 800 m de haut, 150 m de large à la base et 20 au sommet, l'ensemble pouvant abriter 250 000 habitants et leur permettre toutes leurs activités. La disposition des divers éléments d'une ville dans ce volume a été très étudiée, et la transposition dans le plan vertical d'activités qui se déroulent habituellement dans le plan horizontal ne paraît pas entraîner de grosses difficultés. Il se pose évidemment un problème de coût, d'où le caractère utopique du projet. Les problèmes techniques sont pratiquement tous solubles, sauf un : sous l'influence du vent ou des dilatations, le sommet de l'édifice « ville » peut se déplacer d'environ soixante centimètres. Comment réagirait l'organisme à cette situation ? N'aurait-il pas le mal de mer ?
De nombreuses autres solutions ont été proposées pour profiter au maximum de la troisième dimension : assez proches les unes des autres, elles mettent évidemment l'accent sur les problèmes de circulation verticale, horizontale et éventuellement oblique. D'autres chercheurs orientent leur réflexion vers l'utilisation de la surface des océans. C'est l'« île à hélice » de Jules Verne qui reparaît ; en fait, il existe certainement de nombreux cas où une ville sur l'eau apporte des avantages, ne serait-ce que pour ce qui concerne la déformabilité du réseau de circulation. Des solutions de ce type avec des immeubles de hauteurs relativement grandes (30 m par exemple) ont été proposées pour un certain nombre de baies, celle de Rio notamment. Cette même ville a suggéré une autre idée : celle de suspendre l'habitat aux parois mêmes des reliefs volcaniques qui la parsèment. Cette formule d'habitat pariétal présente dans certaines conditions géographiques particulières un intérêt certain.
La démarche utopique de certains architectes mérite l'attention : elle libère l'imagination du souci des prix de revient et des matériaux et, en même temps, permet de laisser libre cours à nos désirs. Ainsi émergent des idées neuves, en général irréalisables, mais dont une recherche ultérieure peut permettre la concrétisation. Cette démarche constitue une méthode de découverte, mais en aucun cas elle ne doit être confondue avec l'étape finale du travail, qui est la définition d'un objet nouveau constructible.
Pour une politique de l'habitat
Une politique de l'habitat nécessite une information correcte sur la structure des logements existants et sur la nature des besoins. Les statistiques sont parfois trompeuses : évaluer l'activité de construction en nombre de logements mais en négligeant celui de leurs pièces donne une idée fausse du confort réel dont bénéficient les habitants. Au perfectionnement de l'outil statistique doit correspondre une amélioration parallèle de l'analyse de la solvabilité des besoins, et une société moderne cherchera probablement à agir, non plus au niveau de l'habitat par des primes diverses, mais au niveau des revenus par une plus juste répartition.
Un autre aspect de cette politique est de favoriser la recherche de solutions nouvelles. L'emploi des plastiques à l'échelle artisanale coûte presque toujours plus cher (20 à 30 p. 100) que les réalisations traditionnelles mais, inversement, il permet des économies du même ordre de grandeur une fois les fabrications industrialisées. Toutefois[...]
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Écrit par
- Georges CANDILIS : architecte-urbaniste
- Pierre PIGANIOL : conseil en politique scientifique
Classification
Média
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