GUADELOUPE
De la conquête coloniale à la départementalisation
Le peuplement amérindien des îles est attesté depuis au moins 2 500 ans avant J.-C. Les premiers habitants, les Arawak, sont arrivés du continent sud-américain (bassin du fleuve Orénoque) en naviguant le long de la chaîne des îles. La plupart des migrations ultérieures ont suivi cette même voie. Des sites de roches gravées particulièrement importants signalent des lieux cérémoniels anciens (Baillif et Trois-Rivières sur la Basse Terre). Christophe Colomb, qui débarque en 1493 dans l'île et la baptise « Guadalupe » en l'honneur d'un sanctuaire espagnol consacré à la Vierge, rencontre une population essentiellement composée de Karib, dispersés en de nombreux villages et métissés aux populations arawak originelles. Les Espagnols ne colonisent pas ces îles en raison de la résistance farouche que leur opposent les Karib. Prenant prétexte des pratiques anthropophagiques des Indiens, l'administration espagnole autorise des razzias pour les capturer et les réduire en esclavage. Ce sont des expéditions britanniques et françaises qui, à partir de 1625, marquent le début de la colonisation européenne à Saint-Christophe tout d'abord (aujourd'hui Saint-Kitts), puis à la Guadeloupe et à la Martinique et enfin dans les îles voisines.
La colonisation française se fit sous le patronage du cardinal de Richelieu et de la Compagnie des îles d'Amérique. En 1635, des Français, sous le commandement de Liénard de l'Olive et de Jean du Plessis, prennent pied à la Guadeloupe. Les premières années de la colonie sont très agitées en raison des guerres avec les Indiens et aussi des rivalités entre chefs et gouverneurs recevant des lettres de commandement tantôt de la Compagnie (qui périclite après la mort de Richelieu en 1642), tantôt directement du roi. En 1643, le Normand Charles Houël réussit à s'imposer comme gouverneur et obtient l'appui des propriétaires fonciers de la région de Basse-Terre et de Capesterre. Le sort politique de la colonie reste fragile pendant plusieurs décennies, alors que l'économie du tabac devient prospère. Les Indiens vont se réfugier sur l'île voisine de la Dominique et sont remplacés par les premiers contingents de main-d'œuvre africaine, réduite en esclavage (souvent achetée aux Hollandais à Saint-Eustache – Sint Eustatius – et à Curaçao), pour travailler sur les plantations de canne à sucre qui se développent rapidement. En 1674, par décision de Colbert, l'administration des îles d'Amérique revient directement au pouvoir royal.
Les attaques britanniques, à la fin du xviie et durant le xviiie siècle, occasionnent de grandes pertes économiques et humaines. Les Anglais occupent les îles de 1759 à 1763 et fortifient le site commercial de Pointe-à-Pitre. À la bataille navale des Saintes (1782), la flotte française est défaite. La marine britannique possède désormais un avantage stratégique marqué sur les Français dans les Petites Antilles. Pendant la Révolution, les Anglais s'emparent à nouveau de la Guadeloupe mais le commissaire de la Convention, Victor Hugues, proclame l'abolition de l'esclavage dans l'île et réussit à les chasser (1794). Il fait procéder à des exécutions massives de royalistes qui avaient pris le parti des Britanniques. Puis Napoléon Bonaparte, influencé par les milieux des planteurs, envoie des forces importantes pour rétablir l'esclavage (arrêté du 22 mai 1802). Plusieurs centaines de Noirs et de mulâtres révoltés sont férocement réprimés à Baimbridge près de Pointe-à-Pitre et à Matouba près de Basse-Terre (mai 1802).
C'est finalement sous la IIe République que l'esclavage est définitivement aboli à la Guadeloupe (décret du 27 avril 1848, qui avait été précédé dans l'île de manifestations ayant conduit à la libération[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian GIRAULT : géographe, directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias
Autres références
-
ANTILLES FRANÇAISES
- Écrit par Christian GIRAULT
- 1 273 mots
- 2 médias
Situées dans la mer des Caraïbes – dans l’est de l’arc caraïbe –, les Antilles françaises comprennent quatre collectivités : la Guadeloupe , la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. L’ensemble couvre une superficie de 2 832 kilomètres carrés et représente une population de...
-
CARAÏBES - Littératures
- Écrit par Jean-Pierre DURIX , Claude FELL , Jean-Louis JOUBERT et Oruno D. LARA
- 15 575 mots
- 4 médias
À l'inverse d'Haïti, les Antilles françaises ont longtemps connu un désespérant vide culturel. Peu de livres, peu de librairies, peu de bibliothèques. On allait en France poursuivre ses études. Beaucoup d'intellectuels antillais (du poète Léonard au romancier naturaliste Léon Hennique)... -
CHIKUNGUNYA
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 2 194 mots
- 2 médias
...2014, la situation était stabilisée à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, mais l’épidémie connaissait une expansion considérable dans les autres îles. En Guadeloupe et en Martinique, le nombre de cas cumulés entre le 1er janvier et le 15 juillet 2014 est d’environ 115 000 avec 39 décès peut-être imputables... -
CONDÉ MARYSE (1934-2024)
- Écrit par Jean-Marc MOURA
- 1 514 mots
- 1 média
Figure importante des littératures de langue française, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est l’auteure d’une œuvre, profuse et variée, composée de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre et d’essais. Internationalement reconnue, elle a été traduite en plusieurs langues et a reçu de multiples...
- Afficher les 13 références