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HALS FRANS (1581 ou 1585-1666)

Évolution artistique

<it>Jeune Homme en train de chanter</it>, F. Hals - crédits : AKG-images

Jeune Homme en train de chanter, F. Hals

L'œuvre de Hals comprend essentiellement des portraits et quelques scènes de genre, d'ailleurs le plus souvent sous la forme de portraits (le Joyeux Buveur d'Amsterdam, les Jeunes Pêcheurs d'Anvers ou de Brooklyn, la Bohémienne du Louvre), mais on a retrouvé deux tableaux religieux exceptionnels (musée d'Odessa) appartenant à une série des Évangélistes. La brillante facture de Hals, d'une énergie pleine de décision et de sûreté, suggère avec vraisemblance que le peintre devait travailler vite. On est d'autant plus surpris de constater que la production de Hals n'a pas été considérable : environ 240 tableaux, dont 195 portraits, lui sont attribués sûrement, selon S. Slive qui a dressé le Corpus du peintre (N. S. Tricas est exagérément sévère en ne comptant que 109 tableaux). Grimm (1980) compte 209 tableaux sûrs, plus 21 attribués.

Les débuts de Hals restent entièrement inconnus, et l'on ne sait au juste quelle put être l'influence de son maître Van Mander. La première œuvre connue (le portrait de Zaffius) ne date que de 1611, alors que Hals peint déjà depuis plusieurs années. Les rares portraits connus de cette décennie (Brooklyn, Birmingham), peints dans une palette sombre, montrent, avec des souvenirs maniéristes (goût des encadrements ovales et des trompe-l'œil), une certaine influence de Cornelis Ketel et du milieu amsterdamois, mais l'originalité de Hals perce immédiatement : présence du visage, éloquence des mains, et cette facture rapide et vive si caractéristique du maître. À cette époque, Hals a dû également faire des scènes de genre comme Le Banquet de Berlin (détruit pendant la Seconde Guerre mondiale) visiblement marqué par David Vinckboons, Esaïas Van de Velde et le milieu maniériste de Haarlem : les peintures de Dirck (le frère de Hals) gardent sans doute un souvenir direct de cette première activité très peu connue de Hals (cf. la copie de La Joyeuse Compagnie à New York et le fond du Couple d'Amsterdam). Le premier portrait collectif – l'un de ces Banquets de gardes civiques qui firent tant pour la célébrité du peintre – date de 1616 : son animation, sa richesse de coloris, la magistrale habileté de son agencement signifient un renouvellement véritable et inattendu d'un genre figé jusque-là dans une formule archaïsante (cf. les Banquets, peints au xvie siècle, depuis celui de Dirck Jacobsz, en 1533, jusqu'à celui de Ketel en 1588). Une certaine influence flamande (ranimée par le séjour d'Anvers en 1616 ?) se décèle ensuite dans le goût pour les noirs brillants et les attitudes fières à la Van Dyck (Officier, à la Wallace Collection, 1624 ; Willem Van Heythuysen, en pied, à Munich ; Nourrice et enfant, à Berlin). Très vite apparaissent de vrais chefs-d'œuvre de l'art du portrait, que ce soit sous l'angle de la psychologie, de la mobilité ou de la mise en page forte et dynamique qui est souvent soulignée chez Hals par le geste du coude en avant qui cale la figure, sans oublier, enfin et surtout, une facture brillante et rapide et d'un remarquable pouvoir de synthèse, tels le Massa de Toronto (1626) ou le Broeckede Kenwood (1633). Vers les années 1625-1630 s'intercale une très heureuse phase caravagesque, proche du caravagisme clair d'Utrecht qui pousse Hals à éclaircir son coloris et à user des jeux mobiles de la lumière, ce qui facilite ses recherches réalistes. Le répertoire est parfois franchement caravagesque – les deux Évangélistes (Luc, Matthieu) de 1627 à Odessa, plus un Saint Marc de la même série dans le commerce londonien (absent du Corpus de Slive mais présent dans celui de Grimm), la Bohémienne du Louvre, les Jeunes Chanteurs de Berlin et Cassel, Hamlet, National Gallery, Londres –, parfois proprement halsien – le Joueur de luth de Paris (coll.[...]

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOUCART. HALS FRANS (1581 ou 1585-1666) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Jeune Homme en train de chanter</it>, F. Hals - crédits : AKG-images

Jeune Homme en train de chanter, F. Hals

<it>Banquet des officiers du corps des archers</it>, F. Hals - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Banquet des officiers du corps des archers, F. Hals

<it>L'Homme à la canne</it>, F. Hals - crédits :  Bridgeman Images

L'Homme à la canne, F. Hals

Autres références

  • AUTOPORTRAIT, peinture

    • Écrit par Robert FOHR
    • 3 573 mots
    • 6 médias
    ...Saskia, 1635, Gemäldegalerie, Dresde), tantôt il se mêle à un groupe dont il exalte les vertus spécifiques, artistiques, civiques ou militaires ( Frans Hals, Les Miliciens de saint Georges, 1639, musée F. Hals, Haarlem, Eustache Le Sueur, Réunion d'amis, vers 1640, musée du Louvre). Si l'appartenance...
  • LEYSTER JUDITH (1609-1660)

    • Écrit par Universalis
    • 385 mots

    Peintre néerlandaise, Judith Leyster fut l'une des rares artistes féminines de son temps à sortir de l'ombre. Parmi ses œuvres les plus connues figurent des portraits, des peintures de genre et des natures mortes.

    Fille d'un brasseur, baptisée le 28 juillet 1609 à Haarlem, non loin d'Amsterdam,...

  • MOLENAER JAN MIENSE (1609/10-1668)

    • Écrit par Jacques FOUCART
    • 685 mots

    Peintre né et mort à Haarlem. La première production de Molenaer, plus restreinte, plus originale et d'une exécution plus soignée que la seconde, portraits, scènes de genre, fêtes villageoises, porte visiblement la marque du style alerte de Frans et Dirck Hals. Les tableaux de compagnies élégantes...

  • VAN DER HELST BARTHOLOMEUS (1613-1670)

    • Écrit par Françoise HEILBRUN
    • 951 mots

    Peintre de portraits, Van der Helst est né à Haarlem et il est mort à Amsterdam où il s'était installé avec sa famille, dès 1627. Il fut le portraitiste à la mode de la riche bourgeoisie d'Amsterdam, et cet engouement pour sa peinture durera tout au long du xviiie siècle. Les...

Voir aussi