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ÉLECTRE, Jean Giraudoux Fiche de lecture

Après Amphitryon 38 (1929) et La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Électre est la troisième œuvre dramatique de Jean Giraudoux (1882-1944) inspirée de l'Antiquité grecque. Confiée à la troupe de Louis Jouvet qui la créa le 13 mai 1937 au théâtre de l'Athénée (il interprétait le rôle du mendiant), elle connut un grand succès public, malgré un accueil assez froid de la critique. Beaucoup jouée par la suite, elle devait entrer au répertoire de la Comédie-Française en 1959.

De la nuit à l'aurore

Jean Giraudoux n'a pas tranché entre comédie et tragédie : Électre est une « pièce en deux actes » presque symétriques – l'un de treize scènes, l'autre de dix –, séparés par un « entracte » au cours duquel le jardinier, personnage secondaire de l'intrigue, vient sur le devant de la scène commenter l'action pour discourir sur le tragique (« Lamento » du jardinier).

À Argos, dans le palais d'Agamemnon, mort depuis sept ans, les Euménides – sous l'apparence de trois petites filles qui grandissent à vue d'œil –, en compagnie du jardinier et d'un étranger qui se révélera être Oreste – fils de la reine Clytemnestre et du roi Agamemnon et frère d'Électre –, rappellent certains faits passés, et annoncent le mariage imminent d'Électre et du jardinier, sur ordre d'Égisthe, régent d'Argos. Les scènes suivantes voient la confrontation d'Électre et de Clytemnestre (4, 9), et les retrouvailles d'Oreste avec sa sœur (6, 8, 10), puis sa mère (11), avant que le mendiant, dans un long monologue, ne s'interroge sur les mobiles des protagonistes (13).

Au cours des trois premières scènes de l'acte II, Électre découvre peu à peu que son père a été assassiné. Mise en accusation par sa fille, Clytemnestre finit par avouer qu'elle a pour amant Égisthe (4, 5, 6). Celui-ci réapparaît alors, littéralement métamorphosé, et demande à Électre de surseoir à sa vengeance, au nom de la raison d'État : Argos est menacée par les Corinthiens, auxquels sa mort la livrerait (7). Clytemnestre avoue implicitement le meurtre d'Agamemnon (8). Le mendiant est en train de raconter ce crime ancien lorsque Oreste, qui cherche Égisthe et Clytemnestre, lui demande de faire le récit de leur mort toute proche. Celui-ci s'exécute, tandis que les deux cris retentissent : ainsi se superposent le récit et l'action (9). Comme l'avait annoncé Égisthe, Argos est pillée par les Corinthiens. Électre n'en savoure pas moins sa joie. Les Euménides, devenues adultes, lui prédisent une vie sans repos. La dernière réplique, prononcée par le mendiant, est pourtant porteuse d'espoir : « Cela s'appelle l'aurore. »

Il est à noter que Giraudoux, rompant avec l'éclatement romantique, a souhaité donner à sa pièce une structure classique : l'action unique (l'histoire des époux Théocathoclès, famille sur laquelle Égisthe s'efforce de transposer le destin des Atrides, n'est qu'un miroir parodique de l'intrigue centrale) se déroule dans un même lieu (une cour intérieure dans le palais d'Agamemnon), en moins de vingt-quatre heures (de la fin de l'après-midi à l'aube).

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Pour citer cet article

Guy BELZANE. ÉLECTRE, Jean Giraudoux - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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