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TOULOUSE ÉGLISE DES JACOBINS DE

Fondé par saint Dominique lui-même, le couvent de Toulouse était le plus ancien de l'ordre des Frères prêcheurs, couramment nommés « jacobins ». Il demeura au Moyen Âge l'un des plus importants et il offre encore de nos jours un ensemble architectural de premier ordre, dominé par une vaste église d'un intérêt exceptionnel.

Son originalité résulte d'abord de l'existence de deux nefs égales, séparées par une série de très hautes colonnes cylindriques et terminées par un chevet polygonal dont la voûte paraît tourner autour de la dernière des piles. C'est le célèbre « palmier » des Jacobins. Le parti de l'église à deux nefs, bien qu'inhabituel, n'était cependant pas unique chez les dominicains. À Toulouse même, leur première église l'avait adopté dès 1230 et c'est elle qui l'imposa en quelque sorte au monument actuel. Celui-ci lui succéda au même emplacement dans la seconde moitié du xiiie et dans la première moitié du xive siècle. Le chevet fut en effet terminé entre 1285 et 1294 et la nef construite pour l'essentiel entre 1325 et 1335.

Si le plan de la double nef était trop particulier et, en définitive, trop incommode pour pouvoir escompter une large diffusion, la plupart des autres caractères de l'édifice ont fait école dans ce qu'on est convenu d'appeler l'architecture gothique méridionale.

On retiendra parmi les éléments les plus caractéristiques : l'appareil en brique et les voûtes d'ogives ; les hauts contreforts entre lesquels sont lancés de grands arcs, qui forment au niveau des voûtes une puissante membrure tout autour de l'édifice ; les chapelles latérales ouvertes entre ces mêmes contreforts et enfin le beau clocher, modèle accompli du clocher gothique toulousain.

En fait, ce grand édifice prenait ses distances à l'égard de l'architecture gothique contemporaine du Nord en affirmant des principes qui en étaient en quelque sorte la négation : qu'il s'agisse de l'importance accordée aux valeurs murales, du dépouillement abrupt des volumes, ou encore du choix de la colonne comme support d'une voûte gothique. En cela, il se montrait novateur, car ces principes non seulement donnèrent naissance sur le moment à un gothique qu'on peut qualifier de particulier, mais devaient s'intégrer, à la fin du Moyen Âge, à l'évolution générale du style.

L'ensemble du couvent a été l'objet, après la Seconde Guerre mondiale, d'une minutieuse et intelligente restauration mettant en valeur le cloître et ses fines colonnes d'où la vue est saisissante sur la masse imposante et sévère de l'église surmontée timidement du clocher octogonal de brique, ancien campanile de l'université dominicaine.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Marcel DURLIAT. TOULOUSE ÉGLISE DES JACOBINS DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...L'expression la plus accomplie en est la cathédrale d'Albi, tant par l'ampleur du volume intérieur que par la masse extérieure de l'édifice. Aux Jacobins de Toulouse, l'enveloppe est cernée par les murs extérieurs, les colonnes ne jouent aucun rôle dans la définition du volume intérieur....

Voir aussi