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DJ (disc-jockey)

… à la naissance de la house et de la techno

Ami d'enfance de Larry Levan, Frankie Knuckles s’est produit avec le DJ du Paradise Garage dans quelques clubs new-yorkais. Il a fréquenté le Loftavant de déménager à Chicago où il va développer les types d’ambiance et les techniques expérimentées à Manhattan. Il s'installe à la Warehouse, une ancienne usine de trois étages située dans une zone industrielle. Le nom Warehouse est à l'origine du terme house music qui, comme le disco, désigne plus une ambiance qu'un genre musical. Le son novateur de Frankie Knuckles attire une foule majoritairement afro-américaine et homosexuelle. Ce DJ tente de prolonger l’esprit du disco avant de s’apercevoir que son public aspire à des rythmes plus rapides et plus marqués. Il réarrange alors certains titres, ajoutant des sons et allongeant les parties les plus dansantes. Son influence se propage rapidement dans les autres discothèques de la ville.

En 1983, la Warehousedevient le Music Box et accueille le DJ Ron Hardy. Derrière les platines, il approfondit les expérimentations de son prédécesseur en accentuant le caractère répétitif des morceaux. Les bases de la house music sont ainsi posées. S’il exploite des répertoires proches de ceux de Frankie Knuckles comprenant Isaac Hayes, Machine ou encore Dinosaur L, Ron Hardy n'hésite pas à varier la vitesse des platines pour accélérer les tempos et modifie aussi souvent l'equalization des morceaux en réglant le niveau des basses, des aiguës et des médiums sur sa table de mixage. Le style de ces deux figures locales se développe sur Chicago grâce également à quelques DJ de radio. Sur les ondes, Herb Kent et les cinq DJ de l'émission The Hot Mix 5 font découvrir plus largement cette musique et les techniques de mixage cantonnées jusque-là aux clubs. L'un des cinq, Farley Keith Williams, utilise régulièrement sa boîte à rythmes pour ajouter des sons aux disques diffusés à l'antenne.

À partir de 1984, le style housen'est plus seulement le fruit des prestations live des DJ avec la publication des premiers enregistrements en vinyles parmi lesquels on peut citer On And On (1984) de Jesse Saunders ou encore Your Love (1985) de Jamie Principle. Grâce au développement des synthétiseurs et des machines, notamment de la légendaire Roland TB-303, les compositeurs se multiplient à cette époque à Chicago et installent chez eux des petits studios (home studio) qui leur permettent de s'affranchir des méthodes coûteuses d'enregistrement. Les titres sont parfois d'une étonnante simplicité, avec seulement une rythmique et une ligne de basse. Leur succès local est porté par les radios et les clubs, grâce à de nombreux titres sortis au milieu des années 1980 sur des labels comme DJ International ou Trax. Des figures telles que DJ Pierre, Lil' Louis ou Derrick Carter, tous DJ et compositeurs, font alors leurs premiers pas.

À quelques centaines de kilomètres au nord-est de Chicago, un cheminement similaire est suivi par d'autres DJ auxquels la housen'était pas complètement étrangère. À la fin des années 1970, Charles Johnson, sous le nom The Electrifying Mojo, diffuse sur une radio de Detroit, WGPR, une sélection éclectique de musiques. Son ouverture d'esprit et l'attention qu'il porte aux nouveautés telles que l’album Computer World (1981) du groupe allemand Kraftwerk le distinguent de ses confrères. Son émission suscite quelques vocations comme celle de Juan Atkins qui s’oriente très jeune vers la composition de musiques électroniques et s’associe en 1980 avec Richard Davis sous le nom de Cybotron. Le duo sort un premier single futuriste, Alleys of yourMind, inspiré notamment par le concept « spatial » de l'émission de Charles Johnson. La même année paraît un autre titre qui conduira à la création du style techno : [...]

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Pour citer cet article

Raphaël RICHARD. DJ (disc-jockey) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Clement « Coxsone » Dodd - crédits : The Gleaner Co. Ldt., 2001

Clement « Coxsone » Dodd

Jeff Mills - crédits : N. Spasenoski/ Shutterstock

Jeff Mills

Le groupe de DJ C2C - crédits : Stephane Cardinale/ Corbis Entertainment/ Getty Images

Le groupe de DJ C2C

Autres références

  • Assassin, ORB (THE)

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 540 mots

    Sous le nom de The Orb se cache Dr. Alex Paterson et son groupe à géométrie variable. Ce DJ londonien est à l'origine d'un genre nouveau, l'ambient house, une musique purement électronique caractérisée par un ralentissement des rythmes de la house de Chicago, l'abondance des effets...

  • DANCE MUSIC

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 694 mots

    Musique destinée aux night-clubs, la dance est issue du disco et de la house. Le DJ et le producteur-arrangeur y exercent une part prédominante, au détriment de l'artiste, cantonné au rôle d'interprète.

    En France, la dance music est souvent considérée comme un dérivé commercial de la...

  • HOUSE MUSIC

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 889 mots
    ...apparaît dans deux night-clubs, le Warehouse de Chicago et le Paradise Garage de New York, où les barrières sociales et raciales tendent à s'estomper. À Chicago, des DJ comme Ron Hardy recyclent certains éléments du disco et commencent à créer une musique qui va vite rencontrer son public initial...
  • KNUCKLES FRANKIE (1955-2014)

    • Écrit par Universalis
    • 339 mots

    Le DJ et producteur de disques américain Frankie Knuckles a joué un rôle majeur dans l’émergence des musiques électroniques, et particulièrement dans la naissance de la house music, style qu’il a diffusé dès la fin des années 1970 dans les clubs underground de Chicago.

    Frankie Knuckles,...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi