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COSAQUES

Nom donné aux populations semi-nomades formant des communautés militaires indépendantes dans les bassins du Don, du Terek et du Kouban. Le mot, d'origine turco-tatare, désigne tout homme libre, tout guerrier indépendant. Aux xive et xve siècles, les services de ces Cosaques Tatars furent utilisés tant par les Italiens installés en Crimée que par les princes russes. À partir du xvie siècle, on assiste au développement de ces communautés dans lesquelles entrent de plus en plus d'éléments slaves fuyant l'établissement du servage ; elles sont localisées sur les marges de l'État russe et de l'État polono-lituanien : parmi les plus importantes notons la communauté des Cosaques du Don, celle du Iaïk (Oural), celle de Sibérie et surtout celle des Cosaques Zaporogues, la Setch, établie sur le bas Dniepr.

D'une façon générale, les Cosaques forment des sociétés agricoles à caractère militaire ayant leur propre gouvernement dirigé par l'hetman, le général en chef, assisté d'un conseil d'officiers supérieurs, les ataman, et d'une assemblée générale, la rada. Toutes les charges étaient électives, ce qui attacha fortement les Cosaques aux principes d'égalité et de liberté. Quant à leurs activités économiques, elles se réduisaient à la chasse, à la pêche, au commerce, et surtout aux opérations de pillage. Les gouvernements des États polonais et russe virent alors tout le parti qu'ils pouvaient tirer de cette force militaire : ainsi, dès 1578, les Polonais organisèrent le premier régiment cosaque qui fut chargé de protéger la frontière contre les incursions des Turcs et des Tatars ; quant aux Russes, ils en firent les agents de leur pénétration et de leur domination vers le Sud et vers l'Est, particulièrement en Sibérie (Ermak était Cosaque).

Toutefois, l'affermissement du pouvoir tsariste, accompagné de l'extension du servage, se fit au détriment des libertés des Cosaques. Aussi ceux-ci participèrent-ils aux grandes révoltes agraires des xviie et xviiie siècles, auxquelles ils fournirent des chefs tels que Bolotnikov, Stenka Razine, Emelian Pougatchev.

Cosaques à Petrograd, 1917 - crédits : Slava Katamidze Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Cosaques à Petrograd, 1917

Après l'écrasement des Cosaques Zaporogues en 1775 et leur dispersion, le gouvernement moscovite procéda à une profonde réorganisation. Les Cosaques furent désormais répartis en armées (vojska) disposées tout au long de la frontière asiatique de l'empire ; chaque armée, commandée par un ataman nommé par le gouvernement, était divisée en districts (okrugi), puis en villages (stanicy). Pour compléter les effectifs, on procéda à la « cosaquisation » de la paysannerie locale qui ne bénéficia pas pour autant des privilèges accordés aux Cosaques formant désormais l'encadrement ; ce qui accrut les oppositions sociales. Ces armées cosaques, essentiellement des cavaliers, participèrent à toutes les guerres que mena l'État russe du xviiie au xxe siècle, où elles acquirent la réputation de troupes d'élite. Au début du xxe siècle, avec le développement du mouvement révolutionnaire en Russie, le gouvernement utilisa les Cosaques pour réprimer les mouvements nationaux, libéraux et révolutionnaires. Au moment de la révolution de 1917, les Cosaques, pourvus de monopoles économiques importants, prirent, dans leur majorité, le parti de la contre-révolution et permirent aux armées blanches de s'implanter dans les régions tenues par eux : Don, Kouban, Oural et Sibérie. Mais ce sont également des Cosaques qui constituaient le noyau des régiments de cavalerie de l'Armée rouge, commandés par K. E. Vorochilov et Semen M. Boudienny.

Après le succès de la révolution d'Octobre, le Parti communiste développa une politique d'assimilation qui aboutit, le 20 avril 1936, à la disparition du corps des Cosaques, intégré dans l'ensemble des forces armées soviétiques.[...]

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Pour citer cet article

Jean-Pierre ARRIGNON. COSAQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Cosaques à Petrograd, 1917 - crédits : Slava Katamidze Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Cosaques à Petrograd, 1917

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 849 mots
    • 3 médias
    ...Il n’empêche que des zones refuges existent bel et bien de par le monde, comme Scott le rappelle utilement, qui en cite quelques-unes : celles des cosaques des marges de l’Empire russe qui émergent vers la fin du Moyen Âge, tantôt rebelles, tantôt alliés intéressés ; des esclaves marrons des Amériques,...
  • HETMAN

    • Écrit par Jean-Pierre ARRIGNON
    • 178 mots

    Nom répandu aux xvie et xviie siècles dans les pays d'Europe orientale pour désigner le titulaire du grade militaire le plus élevé. Ainsi en Pologne et en Lituanie, du xve au xviiie siècle, l'hetman était le commandant en chef, à vie, de l'armée ; il en était de même en ...

  • JEAN II CASIMIR (1609-1672) roi de Pologne (1648-1668)

    • Écrit par Universalis
    • 477 mots

    Roi de Pologne (1648-1668) né le 22 mars 1609 à Cracovie (Pologne), mort le 16 décembre 1672 à Nevers (France).

    Deuxième fils de Sigismond III Vasa – qui règne sur la Pologne et, de 1593 à 1599, sur la Suède –, Jean Casimir se bat à partir de 1635 aux côtés des Habsbourg, durant la ...

  • KHMELNITSKI BOGDAN MIKHAÏLOVITCH (1595 env.-1657)

    • Écrit par Jean-Pierre ARRIGNON
    • 486 mots

    Cosaque né à Pereïaslavl dans une famille de petite noblesse ukrainienne, Bogdan Khmelnitski reçut une solide instruction à Kiev puis à Lvov ; outre l'ukrainien, sa langue natale, il connaissait le latin, le polonais et le russe. Il acquit une solide formation militaire en participant aux...

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Voir aussi