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CIMENT

Fabrication du ciment

Élaboration du clinker

Le constituant principal des ciments industriels actuels est le clinker, mot anglais signifiant « scorie ».

Le clinker est obtenu en cuisant, vers 1 450 0C, des mélanges appropriés de calcaire et d' argile, appelés crus. L'argile, principalement composée de silicates d'alumine, se scinde sous l'effet de la chaleur en ses constituants, silice et alumine, qui se combinent ensuite à la chaux provenant du calcaire pour donner des silicates et des aluminates de chaux.

La fabrication du ciment comporte tout d'abord une extraction du calcaire et de l'argile dans de grandes carrières, bien équipées mécaniquement. Des problèmes délicats sont parfois posés par les carrières peu homogènes ; dans les cimenteries modernes, ils sont résolus par la préhomogénéisation. Cette opération s'effectue dans de vastes hangars où le cru est rationnellement analysé et mélangé. Ce dernier est ensuite broyé très finement, les réactions chimiques qui se développent dans la zone de « clinkérisation » ne pouvant avoir lieu que pour des grains de quelques micromètres de grosseur. Le cimentier peut alors choisir entre quatre voies : humide, semi-humide, semi-sèche et sèche, voie la plus employée aujourd'hui.

Dans la voie humide, le cru est broyé et malaxé avec suffisamment d'eau (de 30 à 40 p. 100) pour constituer une pâte liquide. Ce procédé est simple et sûr, mais consomme beaucoup de combustible pour évaporer l'eau excédentaire ; c'est pourquoi on lui préfère, la fabrication par voie sèche. Le malaxage s'effectue mécaniquement dans de très grandes cuves cylindriques en béton, où le cru peut être corrigé chimiquement par des additions appropriées de calcaire ou d'argile et où une homogénéisation finale est assurée.

La voie semi-humide commence comme la précédente, puis le cru est débarrassé d'une partie de son eau dans des filtres-presses.

Dans la voie sèche, le cru est séché s'il y a lieu, puis broyé très finement après avoir été homogénéisé et, éventuellement, corrigé chimiquement dans de grands silos équipés pour un malaxage pneumatique ; il est introduit sous forme pulvérulente dans le four. Dans la voie semi-sèche, il ne l'est qu'après avoir été aggloméré, sous forme de boulettes, dans de grands granulateurs.

On utilisait autrefois des fours droits dérivés des fours à chaux ; il en subsiste quelques-uns qui emploient la voie semi-sèche. Les fours modernes sont généralement tournants, constitués par de grands cylindres métalliques, tapissés intérieurement de réfractaires, ayant quelques mètres de diamètre et atteignant plus de 100 mètres de longueur. Ils sont légèrement inclinés et tournent lentement, de façon à faire progresser le cru introduit dans la partie haute. Une flamme alimentée au charbon pulvérisé, au fuel ou au gaz est allumée à l'autre extrémité du four. C'est à celle-ci qu'est recueilli le clinker, sous forme de nodules incandescents.

De profondes modifications chimiques des constituants du cru se produisent au fur et à mesure que la matière progresse dans le four. Le ferro-aluminate tétracalcique apparaît le premier, avec une consistance pâteuse ou liquide ; lorsque le fer est épuisé par cette réaction, il se forme de l'aluminate tricalcique fondu. Ces deux corps fondus constituent le liquide des fours à ciment. Celui-ci dissout la silice et la chaux qui se combinent alors et cristallisent sous forme de silicates de chaux ; ce phénomène progressif constitue la « clinkérisation ». Si la silice et la chaux existaient seules dans le cru, il faudrait chauffer bien davantage, au-dessus de la température de fusion de la silice (1 900 0C), pour obtenir la formation de silicates de chaux.

Des échangeurs de chaleur tant à l'amont qu'à l'aval du four permettent[...]

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Écrit par

  • : Ingénieur ETP Diplômé du Centre des Hautes Etudes de la Construction. Directeur de la Promotion et du développement (Syndicat National des Fabricants de Ciments et de Chaux).
  • : chef du centre de documentation du Centre d'études et de recherches de l'industrie des liants hydrauligues (C.E.R.I.L.H.), Paris

Classification

Pour citer cet article

Bernard DARBOIS et Walter ROTHLAUF. CIMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Nœud autoroutier - crédits : 	dszc/ Getty Images

Nœud autoroutier

Autres références

  • ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Béton

    • Écrit par Bernard HAMBURGER
    • 3 200 mots
    • 4 médias
    Le béton de ciment armé est né sous la forme d'une barque, flottant sur le lac du Bourget. Lambot avait ainsi inventé le procédé, dès 1848. Monier, un an plus tard, le découvre à nouveau, pour des bacs à fleurs.
  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Construire aujourd'hui

    • Écrit par Antoine PICON
    • 6 531 mots
    • 3 médias
    Un second ensemble de questions a trait aux matériaux et à leur usage. On estime que la production duciment représente de 3 à 5 p. 100 des émissions annuelles de CO2 dans l'atmosphère. Même s'il est impossible de se passer totalement de ciment et de béton, il semble souhaitable de parvenir à...
  • BARRAGES

    • Écrit par Claude BESSIÈRE, Pierre LONDE
    • 15 835 mots
    • 17 médias
    Depuis de nombreuses années, le ciment a été employé pour améliorer les qualités géotechniques de certains remblais, supports de chaussées. Il était aussi utilisé mélangé avec du sable pour revêtir les canaux d'irrigation aux États-Unis (sol ciment).
  • BÉTON

    • Écrit par Jean-Michel TORRENTI
    • 8 163 mots
    • 1 média
    Lapâte de ciment est constituée au moins de ciment et d'eau, mais peut aussi comprendre divers adjuvants et des additions. Le ciment, par sa réaction avec l'eau, assure la cohésion du béton durci et sa durabilité. L'eau réagit avec le ciment et donne de la fluidité au béton. L'eau de gâchage pour...
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Voir aussi