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BANNIÈRE

Mot dont la racine est ban, c'est-à-dire convocation des vassaux par le suzerain. Au Moyen Âge, la bannière est l'enseigne sous laquelle se rangent les vassaux convoqués pour aller à la guerre. Le seigneur banneret est celui qui peut lever bannière en réunissant ses vassaux. La bannière du banneret, attachée au bout de la lance, est carrée et se distingue du pennon du simple chevalier, prolongé en pointe. « Couper la pointe du pennon », c'était faire d'un chevalier un banneret. Mais, à côté de ces bannières, existent celles des milices, d'origine plus religieuse. Philippe Ier avait ordonné aux évêques de s'entendre avec les bourgeois des villes pour lever les milices par commune ou par paroisse. Les troupes ainsi fournies marchaient derrière la bannière de l'Église, dont la hampe était surmontée d'une croix. Quand le roi de France est à la tête de ses troupes, il se fait précéder de la bannière royale qui, depuis Hugues Capet, était de soie ou de velours azur, portant semis de fleurs de lis d'or. Du xiie au xive siècle il adopte, en outre, la bannière de l'église de Saint-Denis, l'oriflamme de couleur feu, fendue par le bas, attachée à une lance dorée. L'apparition de la bannière de l'assaillant sur les tours d'une ville fortifiée marque la prise de la ville. Au combat, la capture de la bannière par l'adversaire est signe de déroute.

Apparues au xe ou au xie siècle, les bannières auront à peu près disparu à la fin du xvie. Il faut y voir la conséquence de la prééminence progressive du pouvoir royal, de l'interdiction faite par Charles VI aux bannerets de convoquer directement leurs vassaux et de la création des compagnies d'ordonnance. Drapeaux et étendards remplacent alors progressivement les bannières féodales. Celles des paroisses (milices) sont déposées dans les églises. Désormais, les bannières, plus longues que larges, fixées sur un support en forme de T, sont religieuses ou corporatives. Dans le monde contemporain elles apparaissent encore dans les processions religieuses ou à la tête des harmonies locales.

— Jean DELMAS

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Écrit par

  • : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre

Classification

Pour citer cet article

Jean DELMAS. BANNIÈRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAVALERIE

    • Écrit par Paul DEVAUTOUR
    • 3 643 mots
    • 5 médias
    ...l'organisation féodale sera la «  lance garnie » : chevalier, écuyer, archer, page, « coutillier », valet, tous montés. Les « lances » se groupent en «  bannières », elles-mêmes rassemblées en « batailles » de cinquante à cent chevaliers, davantage même, aux ordres d'un grand seigneur, et sous l'autorité...
  • COULEURS, histoire de l'art

    • Écrit par Manlio BRUSATIN
    • 10 328 mots
    • 2 médias
    ...le monde arabe a trouvé l'occasion de s'affronter au couple bleu clair-vert du monde chrétien au cours des croisades. Du reste, on s'accorde à penser depuis longtemps que lesbannières, les enseignes et autres signes de reconnaissance entre les croisés sont à l'origine des couleurs héraldiques.
  • DRAPEAUX DANS L'ANCIEN RÉGIME

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 1 216 mots

    La France utilisait de nombreux drapeaux avant 1789, mais il n'y en avait aucun sur les bâtiments publics et sur le château où résidait le souverain. La bannière de France n'était qu'une pièce d'étoffe, assez petite et incapable de flotter, de velours violet ou bleu, ornée de trois...

  • ORIFLAMME

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 906 mots

    Les premiers rois capétiens, comme tous les autres souverains et même les Carolingiens, devaient avoir un étendard à queues attaché à une lance. Sur la mosaïque du triclinium du Latran on voit le roi Charles (c'est-à-dire Charlemagne vers 796-798, avant son couronnement impérial)...

Voir aussi