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RENOIR AUGUSTE (1841-1919)

Le temps de l'impressionnisme

Le Moulin de la Galette, A. Renoir - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

Le Moulin de la Galette, A. Renoir

Renoir fait venir dans son atelier des modèles, Nini et Margot, Angèle, Estelle ou Jeanne, petites fleuristes, modistes et couturières de Montmartre. Les voici en train de lire, de coudre, d'ajuster un chapeau ; caressant un chat dans leurs bras, arrangeant un bouquet ; surprises encore par le peintre dans la rue ou au théâtre, avec une joie dans le regard et un intérêt passionnés : « Je ne savais pas marcher que j'aimais déjà les femmes », dira-t-il. C'est le début d'une suite éclatante de chefs-d'œuvre. Anna, qui est aussi un modèle de Manet, a posé pour le Nu au soleil (musée d'Orsay, Paris) et pour le Torse nu (musée Pouchkine, Moscou). Dans ces deux tableaux se conjuguent l'ampleur de la forme et la richesse du coloris ; comme autrefois dans les nus de Watteau, un sein apparaît ici sous le bras levé : « Un sein, écrit Renoir, c'est rond, c'est chaud. Si Dieu n'avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j'aurais été peintre. » Ces jeunes filles, il les invite à venir poser dans le jardin d'un vieux logis de la rue Cortot, loué par lui pour peindre la grande composition du Moulin de la Galette (musée d'Orsay, Paris), où il va les voir danser. Renoir réussit à rendre sensible toute la séduction de ce bal par un après-midi de printemps, les taches de soleil se posant à travers les arbres sur les chevelures et les visages, les longues robes claires des danseuses, les vêtements plus sombres des danseurs. L'harmonie des verts et des bleus, ponctués de jaunes et de roses, est obtenue par touches superposées et fondues qui contribuent à restituer une scène pleine de vie et de mouvement. « C'est une page d'histoire, un monument précieux de la vie parisienne, d'une exactitude rigoureuse », écrira Georges Rivière lorsque le tableau sera présenté à la troisième exposition des impressionnistes, en avril 1877. Mais ces peintres rencontrent encore l'hostilité générale de la presse et du public. Pour subsister, Renoir accepte des commandes de décorations et de portraits (de femmes et d'enfants, surtout), que lui font l'éditeur Charpentier, les banquiers Paul Bérard ou Charles Ephrussi, le docteur Émile Blanche. Les figures se détachent sur un fond sobre, la tache rose ou bleu turquoise d'un ruban jouant avec la soie blonde des cheveux, ou sont surprises dans la diaprure de couleurs d'un paysage. Dans ses tableaux de plein air : Déjeuner au bord de la rivière (Art Institute, Chicago), Sur la terrasse, Près du lac, Les Canotiers à Chatou (National Gallery of Art, Washington), Renoir continue à utiliser la technique impressionniste qui fait étinceler toutes les lumières. Après un court séjour en Algérie, il termine au printemps de 1881 un tableau de grand format entrepris l'été précédent à Chatou, Le Déjeuner des canotiers(Phillips Collection, Washington). Modèles et amis sont réunis sous la tente, autour d'une table somptueusement servie, dans la lumière de la belle saison. Sous la liberté apparente, qu'accentuent les attitudes familières des personnages, la composition est très étudiée ; le peintre conjugue ici la richesse de la technique impressionniste et la finesse de ses nuances avec la précision du dessin.

<it>Jeune Femme à la voilette</it>, A. Renoir - crédits :  Bridgeman Images

Jeune Femme à la voilette, A. Renoir

<it>Femme au parasol dans un jardin</it>, A. Renoir - crédits : AKG-images

Femme au parasol dans un jardin, A. Renoir

<it>Le Déjeuner des canotiers</it>, A. Renoir - crédits :  Bridgeman Images

Le Déjeuner des canotiers, A. Renoir

À la fin de l'année, il part pour l'Italie, s'arrête à Venise, dont il peint quelques vues, à Florence, Rome, Naples, Pompéi. L'esprit déjà inquiet d'une exactitude plus grande dans l'interprétation de la forme, il est très impressionné par Raphaël, « admirable de simplicité et de grandeur », et par les fresques de Pompéi, « riches avec si peu ». À son retour, il s'arrête à L'Estaque chez Cézanne, préoccupé lui aussi de donner plus de solidité à sa peinture. Après un second séjour en Algérie où il a, dit-il, « découvert le blanc » (« Tout est blanc, les burnous, les murs, les minarets,[...]

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Pour citer cet article

Antoine TERRASSE. RENOIR AUGUSTE (1841-1919) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Portrait de Jeanne Samary</em>, A. Renoir - crédits : Sergio Anelli/ Electa/ Mondadori Portfolio/ Getty Images

Portrait de Jeanne Samary, A. Renoir

Pierre-Auguste Renoir, F. Bazille - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Pierre-Auguste Renoir, F. Bazille

Paul Durand-Ruel, A. Renoir - crédits : Archives Durand-Ruel/ Durand-Ruel & Cie

Paul Durand-Ruel, A. Renoir

Autres références

  • BAZILLE FRÉDÉRIC (1841-1870)

    • Écrit par Alain MADELEINE-PERDRILLAT
    • 2 465 mots
    • 5 médias
    ..., (1868, musée Fabre, Montpellier). En 1866, il change par deux fois d'atelier : après avoir passé quelques mois dans le premier, rue Godot-de-Mauroy, il partage le second, rue Visconti, avec Renoir, et l'année suivante, Monet les rejoint, comme Bazille l'écrit plaisamment à sa mère : « Monet m'est tombé...
  • CHABRIER EMMANUEL (1841-1894)

    • Écrit par Roger DELAGE
    • 2 470 mots
    ...Manet, auquel le lie la plus tendre des amitiés, a le même langage : « Qui nous rendra le simple et le clair ? Qui nous délivrera du tarabiscotage ? » Et Renoir s'accorde également avec lui lorsqu'il assure : « Un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui jolie. Il y a assez de choses embêtantes...
  • CLAUDE MONET ET L'IMPRESSIONNISME - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 554 mots

    1862-1863 Monet, à Paris, se lie avec Bazille, Renoir et sans doute Sisley qui fréquentent comme lui l'atelier de Gleyre : c'est un des groupes d'artistes à l'origine du mouvement impressionniste.

    1865 Monet commence Le Déjeuner sur l'herbe (fragments au musée d'Orsay),...

  • ENCADREMENT DES ŒUVRES, histoire de l'art occidental

    • Écrit par Adrien GOETZ
    • 2 362 mots
    En plein contraste avec ces positions, Renoir suggère, dans certains dessins, l'usage de lourds cadres du xviiie siècle, qui accompagnent souvent encore aujourd'hui ses œuvres. Bonnard de même, dans ses carnets de croquis pour les années 1894-1895, trace des projets d'encadrements à motifs floraux....
  • Afficher les 8 références

Voir aussi