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LAFFER ARTHUR B. (1940- )

Économiste américain, Arthur Laffer défend la thèse selon laquelle une baisse des taux d'imposition peut générer une hausse des recettes fiscales. Sa théorie influença la politique économique des États-Unis dans les années 1980.

Né à Youngstown, en Ohio, Arthur Betz Laffer étudie l'économie à l'université Yale, puis l'économie internationale à Stanford (où il obtient un doctorat en 1972). Économiste en chef de l'Office of Management and Budget de 1970 à 1972, Laffer se fait connaître par sa théorie de l'offre, selon laquelle une réduction des taxes fédérales sur les entreprises et les particuliers provoquerait une hausse de la croissance économique et, à long terme, des recettes fiscales.

Arthur Laffer conçoit la fameuse courbe qui porte désormais son nom et qui montre qu'en partant d'un taux d'imposition nul, toute hausse d'impôt augmente dans un premier temps les recettes de l'État ; lorsque le taux atteint un certain niveau cependant, toute nouvelle majoration réduit les rentrées fiscales. Ce phénomène s'explique par le fait qu'un taux d'imposition élevé constitue un frein important à l'acquisition (et, éventuellement, à la déclaration) de revenus imposables. La réduction du taux marginal d'imposition pourrait par conséquent accroître les recettes fiscales. L'argumentation développée par Laffer est déjà bien connue des spécialistes des finances publiques, mais ces derniers y voient une bizarrerie intellectuelle. À la fin des années 1970, Laffer est le premier économiste à avancer la possibilité d'appliquer ce constat au système d'imposition américain.

Toute la difficulté consistait à situer l'économie des États-Unis sur la courbe. Laffer pense qu'elle se trouve à un point idéal pour procéder à des baisses d'impôt susceptibles d'améliorer les recettes fiscales. L'histoire montra qu'il se trompait sur la situation de l'économie américaine dans son ensemble, mais qu'il avait raison pour une petite partie de la population, dont les revenus annuels dépassaient 200 000 dollars et qui était soumise, au moment où Laffer écrivait, à un taux d'imposition maximal oscillant entre 50 et 70 %. Tandis qu'auparavant les économistes ignoraient les effets des taux élevés sur l'envie de gagner des revenus imposables, l'accent que met Laffer sur ce point, et les preuves que d'autres apporteront par la suite, amèneront les économistes à prendre plus au sérieux l'aspect incitatif de la fiscalité. Le président Ronald Reagan lance en 1981 un programme économique fondé sur la théorie de Laffer. Ses économistes prévoient que cette mesure conduira à une vaste perte fiscale, mais eux aussi se trompent : la perte sera moins élevée que prévu, en grande partie parce que les particuliers ont été incités à gagner plus de revenus imposables.

Laffer a enseigné à l'université de Chicago (1974-1976), à l'université de Californie du Sud (1976-1984) et à l'université Pepperdine (1984-1987). Il a prodigué également ses avis aux départements du Trésor et de la Défense de 1972 à 1977, et officie comme conseiller du président Reagan en matière de politique économique. En 1986, il tenta en vain de se faire élire au Sénat dans l'État de Californie. Il a fondé le cabinet de conseil économique Laffer Associates et a été l’un des inspirateurs de la politique économique du président Donald Trump.

— Universalis

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  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. LAFFER ARTHUR B. (1940- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FOUNDATIONS OF SUPPLY-SIDE ECONOMICS, V.A. Canto, D.H. Joines et A.B. Laffer - Fiche de lecture

    • Écrit par Annie SORIOT
    • 1 154 mots
    • 1 média

    L'économie de l'offre prend son essor dans les années 1970 dans un contexte de déréglementation et de libéralisation des marchés (en particulier le marché du travail et les marchés financiers). Face à la politique keynésienne de soutien de la demande, l'économie de l'offre propose...

  • IMPÔT - Politique fiscale

    • Écrit par Jean-Marie MONNIER
    • 7 301 mots
    • 1 média
    ...l'économie engendrée par les distorsions que provoquent les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques. Leur instrument théorique privilégié est la courbe de Laffer qui établirait l'existence d'une relation inverse entre le niveau de la pression fiscale et le montant des recettes publiques. Cette relation...
  • IMPÔT - Économie fiscale

    • Écrit par Jacques LE CACHEUX
    • 4 375 mots
    • 1 média
    ...s'ensuit que les recettes fiscales ne sont pas une fonction uniformément croissante des taux de prélèvement. C'est cette intuition que l'économiste américain Arthur Laffer a représentée avec sa fameuse courbe, les recettes fiscales totales croissant d'abord avec le taux d'imposition, jusqu'à atteindre un maximum...
  • NÉO-LIBÉRALISME ou NÉOLIBÉRALISME

    • Écrit par Liêm HOANG NGOC
    • 7 283 mots
    • 4 médias
    La courbe en cloche élaborée par Arthur Laffer est désormais célèbre. Elle rapproche le taux d'imposition (en abscisse) avec le montant des rentrées fiscales (en ordonnée). Elle entend signifier qu'il existe un taux d'imposition optimal, donné par les coordonnées en abscisse du point correspondant avec...

Voir aussi