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APPIA ADOLPHE (1862-1928)

Décorateur de théâtre, metteur en scène et essayiste suisse, Adolphe Appia est né à Genève, le 1er septembre 1862, et mort à Glérolles (près de Nyon), le 29 février 1928. Son œuvre et ses écrits contiennent la plupart des principes de réforme scénique qui ont inspiré le renouvellement artistique du théâtre moderne.

Pour une réforme du théâtre

Fils de médecin, petit-fils de pasteur, Appia, tout en poursuivant de solides études musicales, fait preuve de dons certains pour le dessin et la peinture. Mais ce seront les premiers spectacles auxquels il assistera au cours des années 1879-1886 qui provoqueront en lui, et pour toute sa vie, sa passion du théâtre. L'œuvre et les idées de Wagner constituent les sources de sa pensée ; mais les réalisations scéniques à Bayreuth de Parsifal en 1886 et de Tristan et Isolde en 1888 confirment, chez lui, la nécessité de rompre avec le style naturaliste auquel n'échappe pas Wagner lui-même, en contradiction avec l'ensemble de ses conceptions.

Dès 1884 – un an après la fondation du Théâtre-Libre par André Antoine et sept ans avant la publication de la première édition de L'Art du théâtre d'Edward Gordon Craig – Appia entreprend de se consacrer à cette réforme, qui l'oppose – à peu près seul – aux plus grands hommes de théâtre de son temps et aux succès d'argent, et qui ne peut être méditée et élaborée qu'à l'écart de la scène. Cette retraite volontaire n'exclut pas cependant, pour Appia des recherches concrètes : élaboration de maquettes de décors, d'esquisses de plantations, de mises en scène pour la plupart des œuvres maîtresses de Wagner, puis pour des œuvres de Gluck et de Bizet ; enfin – passant du lyrique au dramatique – pour des pièces de Shakespeare, d'Eschyle, de Goethe, d'Ibsen et de Claudel.

Cette retraite ne se trouve guère interrompue que par la collaboration qui s'établit entre 1906 et 1912 avec Jaques-Dalcroze, son compatriote, créateur en Suisse et dans de nombreux autres pays d'écoles de rythmique dont la méthode, liant expression corporelle et musique, rejoignait, dans ses principes essentiels, certaines des conceptions d'Adolphe Appia. Intervinrent, en outre, ses quelques essais de mise en scène : Astarté, tiré de Manfred, de Byron, en 1903 ; l'Orphée de Gluck, présenté en 1912 à l'institut Jaques-Dalcroze d'Hellerau (Allemagne) ; les Fêtes de Juin, à Genève en 1914 ; Tristan et Isolde, à la Scala de Milan (direction musicale de Toscanini) en 1923 ; enfin, au théâtre de Bâle, en 1925, L'Or du Rhin et La Walkyrie.

C'est, pour une part, à l'occasion des expositions de ses maquettes de décor en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Angleterre et en Suède que les conceptions d'Appia furent révélées. Mais ses conférences et surtout ses écrits, furent d'un apport décisif : d'abord La Mise en scène du drame wagnérien, plaquette publiée à Paris en 1895, puis la traduction allemande de La Musique et la mise en scène, éditée à Munich en 1899. Après différents essais donnés à des revues suisses, françaises, italiennes et allemandes, des préfaces aux catalogues de certaines de ses expositions, Appia publie en 1921 un second ouvrage : L'Œuvre d'art vivant. Quelques amis éditent après sa mort un album de reproductions de ses meilleures maquettes de décor ; puis, une « Fondation Adolphe-Appia », constituée en Suisse, prévoit la publication de ses œuvres complètes. L'ensemble de ses écrits, la plupart de ses maquettes et de ses mises en scène, sa correspondance et ses archives sont conservés dans le cadre de la collection de la Société suisse du théâtre, à la Bibliothèque nationale de Berne.

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Pour citer cet article

André VEINSTEIN. APPIA ADOLPHE (1862-1928) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ŒUVRE D'ART VIVANT, Adolphe Appia

    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 276 mots

    Scénographe, metteur en scène, praticien et théoricien suisse, Adolphe Appia (1862-1928), est à l'origine des plus profondes évolutions scéniques du théâtre moderne. Sa réflexion s'amorce en réaction à la représentation du drame wagnérien, qui trahit à ses yeux l'esprit de l'œuvre, par un excès...

  • ŒUVRE D'ART TOTALE

    • Écrit par Philippe JUNOD
    • 8 384 mots
    • 2 médias
    ...Le théâtre lyrique est aujourd'hui la forme la plus complète de l'art synthétique et la seule qui permette la fusion du mot, du son, de la couleur. » Appia, auteur en 1895 de La Mise en scène du drame wagnérien, ne se privait pas, tout comme Camille Mauclair (1872-1945), E. G. Craig (1872-1966) ou...
  • SCÉNOGRAPHIE

    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 6 524 mots
    • 3 médias
    On peut situer l'origine des plus profondes révolutions de la scénographie contemporaine dans les théories développées par le metteur en scène et scénographe suisse Adolphe Appia (1862-1928). À partir de l'étude d'une mise en scène de l'œuvre de Wagner, L'Anneau du Nibelung...
  • SCÉNOGRAPHIE LYRIQUE

    • Écrit par Alain PERROUX, Alain SATGÉ
    • 7 185 mots
    • 5 médias
    Le théoricien et metteur en scène suisse Adolphe Appia tire toutes les conséquences de cette contradiction dans deux essais capitaux, La Mise en scène du drame wagnérien (1895) et La Musique et la mise en scène (1899), dans lesquels il s'inspire de l'idéalité et de l'essentialité de la durée musicale...
  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - Histoire

    • Écrit par Robert PIGNARRE
    • 8 347 mots
    • 1 média
    ...l'autre, procédant de Wagner et du symbolisme, et spéculant, avec Gordon Craig, sur l'essence du théâtre – la théâtralité – a pour théoricien Adolphe Appia, qui inscrit les figures du jeu dans un espace quasi abstrait, propre à dégager la « structure intellectuelle du drame ». Au confluent de...

Voir aussi