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9-14 mai 1990

France. Indignation après la profanation du cimetière juif de Carpentras

Dans la nuit du 9 au 10, trente-quatre sépultures du cimetière juif de Carpentras, un des plus importants et des plus anciens de France, sont profanées. L'indignation des milieux politiques est unanime : tandis que François Mitterrand appelle les Français à « se ressaisir », Michel Rocard exprime son « horreur », et tous les dirigeants de l'opposition font part de leur soutien à la communauté juive. Seul Jean-Marie Le Pen, qui dénonce les « professionnels de l'antiracisme », s'élève contre une « provocation ». L'enquête policière s'oriente sans résultat vers les milieux des skinheads et de l'extrême droite méridionale.

Le 14, alors que de nouvelles profanations de cimetières juifs, mais aussi catholiques, ont eu lieu les jours précédents et qu'une cérémonie religieuse a réuni la veille à Carpentras des personnalités de tous les horizons ainsi que des milliers de personnes, le Conseil représentatif des institutions juives de France (C.R.I.F.), auquel se joignent tous les partis politiques sauf le Front national, appelle « tous les hommes et les femmes qui refusent la haine, l'intolérance et l'exclusion » à participer, à Paris, à une manifestation « pour la justice, la liberté et la démocratie ». Environ deux cent mille personnes piétinent, plus qu'elles ne défilent, entre la place de la République et celle de la Bastille. Fait sans précédent, le président de la République se joint pour la première fois à une manifestation non officielle, suivi par un grand nombre d'hommes politiques, de la majorité comme de l'opposition. Cependant, de nombreuses voix s'élèvent pour rendre responsable le Front national, et son président, de la banalisation de l'antisémitisme, tandis que plusieurs municipalités lui interdisent de tenir des réunions sur leur territoire.

— Universalis

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