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5-30 janvier 2019

France. Lancement du « grand débat national »

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Le 5, pour le huitième samedi consécutif depuis novembre 2018, les « gilets jaunes », qui exigent une augmentation du pouvoir d’achat, manifestent dans les grandes villes, mobilisant près de cinquante mille personnes, soit plus que les trente-deux mille dénombrées fin décembre. Les rassemblements dans Paris sont de nouveau émaillés de violences. L’entrée des bureaux du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, est enfoncée.

Le 7, invité du JT de TF1, le Premier ministre Édouard Philippe exprime sa volonté de prendre des mesures législatives contre les « casseurs », s’appuyant sur une proposition de loi déposée par les Républicains et adoptée par le Sénat en octobre 2018. Celle-ci prévoit la création de périmètres de sécurité sur les lieux d’une manifestation, à l’intérieur desquels la police pourrait procéder à des fouilles, ainsi que la possibilité de délivrer des interdictions de manifester et la création d’un fichier des personnes « interdites de manifester ».

Le 7 également, les reporters de la chaîne BFM-TV boycottent la couverture du mouvement des « gilets jaunes » à la suite d’agressions de journalistes les jours précédents.

Le 7 toujours, le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème), encourage les « gilets jaunes » français – « Ne faiblissez pas ! » – auxquels il offre l’aide logistique de son parti. L’autre vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), déclare soutenir « les citoyens honnêtes qui protestent contre un président gouvernant contre son peuple ».

Le 8, l’ancienne ministre Chantal Jouanno, qui devait piloter le « grand débat national » initié par le président Emmanuel Macron en réponse à la crise des « gilets jaunes », renonce à cette mission à la suite d’une polémique relative au montant de sa rémunération – 14 700 euros bruts par mois – en tant que présidente de la Commission nationale du débat public.

Le 12, quatre-vingt-quatre mille personnes manifestent à travers le pays, notamment à Bourges (Cher), désignée comme ville-phare de l’« acte IX » de la mobilisation des « gilets jaunes ».

Le 13, Emmanuel Macron rend publique sa « lettre aux Français ». Celle-ci précise les cinq thèmes du grand débat : impôts, dépenses et action publique, organisation de l’État et des collectivités publiques, transition écologique, démocratie et citoyenneté – ce dernier incluant les questions de l’immigration et de la laïcité. Le chef de l’État indique que les propositions issues du débat « permettront de bâtir un nouveau contrat pour la nation, de structurer l’action du gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international ». Déclarant qu’« il n’y a pas de questions interdites », il exclut toutefois de revenir sur les mesures fiscales qui « viennent d’être votées et commencent à peine à livrer leurs effets ». Emmanuel Macron réaffirme la « grande priorité » de la lutte contre le chômage, indiquant que « l’emploi se crée avant tout dans les entreprises », qui doivent donc avoir « les moyens de se développer ».

Le 14, Édouard Philippe précise les modalités du grand débat, dont il confie la coordination à la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Emmanuelle Wargon et au ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu. Un « collège des garants » de cinq personnes est chargé d’en assurer l’indépendance.

Le 15 débute le grand débat, sous forme de réunions publiques ou de contributions envoyées par Internet ou par courrier. Le président Macron participe à une réunion en présence de quelque six cents maires à Grand Bourgtheroulde (Eure), première étape d’une série de rencontres qu’il projette de mener à travers le pays. Le 18, il se rendra à Souillac (Lot) et le 24 à Bourg-de-Péage (Drôme).

Le 19, l’« acte X » des « gilets jaunes » réunit quatre-vingt-quatre mille personnes dans le pays.

Le 25, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les hommes et les femmes Marlène Schiappa anime l’émission Balance ton post!, sur la chaîne C8, au côté de l’animateur Cyril Hanouna, dans le cadre du grand débat.

Le 26, lors de l’« acte XI » des « gilets jaunes » à Paris, l’une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues, est blessée à l’œil, selon lui par un tir de lanceur de balles de défense (LBD). Les tirs de grenades de désencerclement ou de LBD ont blessé, parfois gravement, des dizaines de manifestants depuis le début du mouvement. Soixante-neuf mille personnes manifestent en France.

Le 27, une Marche républicaine des libertés organisée par un collectif de « foulards rouges » réunit quelque dix mille cinq cents personnes à Paris « contre les violences » qui marquent chaque manifestation des « gilets jaunes ».

Le 30, un groupe de « gilets jaunes » crée une plate-forme de débat sur Internet baptisée « le vrai débat », qui concurrence celle initiée par le gouvernement.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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