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3-29 janvier 1984

France. Inquiétude au sein de la gauche dans la perspective de reconversions industrielles

Du 3 au 5, des heurts opposent grévistes et non-grévistes à l'usine Talbot de Poissy, paralysée depuis le 7 décembre 1983. L'évacuation de l'établissement par la police, le 31 décembre, avait attisé le conflit. Les affrontements sont particulièrement violents le 5 janvier et dégénèrent en bataille rangée. Une cinquantaine de personnes sont blessées et les dégâts matériels sont importants. L'usine est à nouveau fermée. À l'inverse de la C.G.T. qui prônait la modération, la C.F.D.T., très minoritaire dans l'usine, maintenait son attitude intransigeante. La reprise du travail va s'effectuer sans incident à partir du 11. Des réunions ont lieu pour débattre de la mise en œuvre concrète des mesures d'accompagnement des 1 905 licenciements prévus. Des aides au retour pour les travailleurs immigrés sont envisagées.

Le 7, au cours d'un comité directeur du P.S., l'attitude de la C.F.D.T. est sévèrement critiquée et taxée de « maximaliste ». L'affaire Talbot jette une lumière brutale sur les conséquences sociales de la modernisation industrielle qui provoquent des remous au sein des forces de gauche.

Le 9, Edmond Maire, secrétaire général de la C.F.D.T., demande au gouvernement un « changement de comportement » et l'instauration d'une véritable concertation avec les travailleurs dans les branches les plus menacées. Il se montre très sévère, le 10, à l'égard du P.C.F. et de la C.G.T., accusée de vouloir « faire rentrer les travailleurs dans le rang ».

Du 17 au 19, le comité central du P.C.F. se réunit pour entendre un rapport de Georges Marchais qui affirme que la rénovation de l'industrie nationale implique de commencer par accroître l'emploi productif : « Pas un licenciement, pas un chômeur de plus. » Pierre Mauroy, en visite à Lisbonne, lui répond le 19 : « Si on ne supprime pas des emplois, les entreprises seront condamnées. »

Le 29, au micro d'Europe 1, Henri Krasucki, secrétaire général de la C.G.T., appelle à une action syndicale de masse et affirme : « C'est notre devoir de syndicat des travailleurs de crier casse-cou et de sonner le tocsin. »

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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