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3-25 avril 1997

France. Mise en cause de François Mitterrand dans l'affaire des écoutes de l'Élysée

Le 3, l'hebdomadaire L'Express et le quotidien Le Monde publient des extraits de documents qui prouvent l'implication directe du président Mitterrand dans les écoutes téléphoniques pratiquées entre 1982 et 1988, sur l'initiative de la cellule antiterroriste de l'Élysée, par le Groupement interministériel de contrôle (G.I.C.). Ces documents ont été saisis en février par le juge Jean-Paul Valat, chargé de l'enquête, dans un box loué à Plaisir (Yvelines) par l'ancien chef de cette cellule, le préfet Christian Prouteau. Révélées en mars 1993 par le quotidien Libération, ces écoutes font depuis lors l'objet d'une instruction judiciaire qui, en décembre 1994, avait conduit à la mise en examen, pour atteinte à l'intimité de la vie privée, de douze personnes dont Gilles Ménage, ancien directeur de cabinet du président Mitterrand, et Christian Prouteau. Ces accusations ont été confortées par le contenu de disquettes informatiques remises anonymement au juge en février 1995, qui contredisait la thèse de la « manipulation » défendue par les personnes mises en examen.

Le 6, François Léotard, président de l'U.D.F., et Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti socialiste, demandent au Premier ministre, Alain Juppé, de lever le secret-défense qui couvre la pratique de ces écoutes, et qu'invoque notamment le préfet Prouteau à l'appui de son refus de témoigner.

Le 8, tout en maintenant ses positions sur le secret-défense applicable aux interceptions de sécurité pratiquées par le G.I.C., Alain Juppé ordonne l'expertise des documents saisis à Plaisir afin de faire la part entre les écoutes relevant de la mission du G.I.C. – défense nationale et sûreté de l'État – et les écoutes illégitimes, dont les relevés devront être remis au juge.

Le 11, Gilles Ménage, qui a décidé de s'affranchir unilatéralement du secret-défense afin de pouvoir se défendre, reconnaît pour la première fois, devant le juge Valat, la réalité des écoutes pratiquées par la cellule antiterroriste de l'Élysée à l'encontre de certaines personnalités, dont le journaliste du Monde Edwy Plenel, l'avocat des « Irlandais de Vincennes » Antoine Comte et l'écrivain Jean-Edern Hallier. Il décrit le maquillage dont faisaient l'objet les demandes adressées à leur sujet au G.I.C.

Le 25, de nouveau entendu par le juge Valat, Gilles Ménage met en cause personnellement François Mitterrand dans la décision de placer sur écoute Edwy Plenel, tout en affirmant que « c'est l'ensemble de l'appareil d'État qui était au courant et [que] la cellule n'a pas travaillé dans son coin en secret ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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