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23 juin-3 juillet 2001

Yougoslavie. Transfèrement de Slobodan Milošević au T.P.I.Y. de La Haye

Le 23, le gouvernement adopte un décret qui prévoit l'établissement de relations officielles entre Belgrade et le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.) siégeant à La Haye. Cette décision, qui ouvre la voie à l'extradition des personnes recherchées par le T.P.I.Y., marque un revirement dans la position du président Kostunica, qui faisait jusque-là prévaloir l'inconstitutionnalité de toute mesure d'extradition de citoyens yougoslaves. De plus, le gouvernement décide de passer outre l'opposition du Parlement en adoptant cette décision par décret. Les États-Unis avaient menacé de ne pas participer à la conférence sur l'aide financière à la Yougoslavie, qui est prévue pour le 29, si Belgrade ne coopérait pas avec le T.P.I.Y. La récente découverte de charniers contenant des cadavres de Kosovars, acheminés en Serbie pour y être enterrés, a également fait prendre conscience aux autorités et à l'opinion de la réalité des crimes de guerre reprochés à la précédente équipe dirigeante. Le Premier ministre serbe, Zoran Djindjić, évoque l'extradition prochaine de l'ancien président Slobodan Milošević, arrêté en avril.

Le 28, Zoran Djindjić décide de ne pas tenir compte de l'avis négatif rendu par la Cour constitutionnelle au sujet du décret du 23, et ordonne le transfèrement immédiat de Slobodan Milošević à La Haye, où celui-ci est aussitôt emprisonné. Vojislav Kostunica, qui souhaitait que la procédure prévue par le décret soit strictement respectée – et notamment que la justice yougoslave se prononce sur la recevabilité de la requête du T.P.I.Y. –, proteste vivement contre cette décision expéditive, évoquant « une menace sérieuse contre l'État ».

Le 29, le Premier ministre fédéral, Zoran Zizić, annonce sa démission. Membre du Parti socialiste populaire du Monténégro, une formation hostile à toute relation avec le T.P.I.Y., il entend ainsi dénoncer le transfèrement de Slobodan Milošević sur décision du seul gouvernement serbe. Zoran Zizić sera remplacé le 17 juillet par Dragisa Pesić, membre du même parti que lui.

Le 29 également, la conférence internationale des bailleurs de fonds de la Yougoslavie, réunie à Bruxelles, décide de débloquer 1,28 milliard de dollars pour 2001, afin d'aider Belgrade à financer des réformes économiques, sociales et institutionnelles.

Le 3 juillet, Slobodan Milošević, qui comparaît pour la première fois devant le T.P.I.Y., qualifie celui-ci d'« illégal » et refuse de répondre aux questions du juge. Ce dernier considère que l'ancien président serbe plaide « non coupable ».

— Universalis

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