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1er-19 juin 1997

France. Victoire de l'opposition de gauche aux élections législatives et nomination de Lionel Jospin comme Premier ministre

Le 1er, l'opposition de gauche remporte le second tour des élections législatives anticipées en obtenant 319 sièges sur 577 à l'Assemblée nationale, dont 241 pour le Parti socialiste (P.S., + 187 par rapport à l'Assemblée élue en mars-avril 1993), 38 pour le Parti communiste (P.C., + 15), 12 pour le Parti radical socialiste (P.R.S., ex-Radical), 7 pour les Verts et autres écologistes, qui font leur entrée au Parlement, et 21 pour les divers gauche. À droite, le Rassemblement pour la République (R.P.R.) ne conserve que 134 élus (— 113) et l'Union pour la démocratie française (U.D.F.) 108 (— 105). Le maire de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, est le seul élu du Front national (F.N.), de nouveau présent à l'Assemblée. Le F.N. avait maintenu ses candidats au second tour pratiquement partout où il le pouvait. Les élus divers droite sont au nombre de 14 ; un député d'outre-mer siège sans étiquette. À Paris, où Jean Tiberi, maire de la capitale, est réélu, la gauche ajoute 7 sièges de députés aux 2 qu'elle détenait déjà, sur un total de 21. Huit ministres sortants, sur les vingt-trois qui se présentaient, sont battus, dont Jacques Toubon, Éric Raoult et Alain Lamassoure. La nouvelle Assemblée nationale compte 63 femmes (+ 28).

Le 2, le président Chirac accepte d'Alain Juppé la démission du gouvernement et nomme le premier secrétaire du P.S., Lionel Jospin, au poste de Premier ministre. Il s'agit de la troisième cohabitation depuis le début de la Ve République, après celles qui avaient été inaugurées respectivement en mars 1986 et mars 1993 par Jacques Chirac et Édouard Balladur sous la présidence de François Mitterrand.

Le 3, le P.R.S., les Verts et le Mouvement des citoyens (M.D.C.) décident de former un groupe parlementaire commun à l'Assemblée. Un groupe ne peut être constitué qu'à partir de vingt députés.

Le 4, le comité national du P.C. donne son accord à la participation de ministres communistes au gouvernement de Lionel Jospin.

Le 4 également, le bureau national du P.S. confie à François Hollande les fonctions de premier secrétaire délégué, Lionel Jospin conservant son titre jusqu'au congrès socialiste qui se tiendra en novembre.

Le 4 toujours, Lionel Jospin présente la composition de son gouvernement – le plus restreint depuis 1962 – qui ne compte que quatorze ministres, deux ministres délégués et dix secrétaires d'État ; huit femmes font partie de la nouvelle équipe. Sont notamment nommés Martine Aubry (P.S.) à l'Emploi et à la Solidarité, Élisabeth Guigou (P.S.) à la Justice, Claude Allègre (P.S.) à l'Éducation nationale, à la Recherche et à la Technologie, Jean-Pierre Chevènement (M.D.C.) à l'Intérieur, Hubert Védrine (P.S.) aux Affaires étrangères, Dominique Strauss-Kahn (P.S.) à l'Économie, aux Finances et à l'Industrie, Alain Richard (P.S.) à la Défense, Dominique Voynet (Verts) à l'Aménagement du territoire et à l'Environnement. Catherine Trautmann (P.S.), également ministre de la Culture et de la Communication, est nommée porte-parole du gouvernement. Le P.C. obtient deux ministères – Équipement, Transports et Logement, et Jeunesse et Sports – ainsi qu'un secrétariat d'État ; le P.R.S., le ministère de la Fonction publique, de la Réforme de l'État et de la Décentralisation et deux secrétariats d'État. Lionel Jospin interdit à ses ministres de cumuler leurs fonctions avec la direction d'un exécutif local.

Le 7, lors de son premier discours depuis les élections, le président Chirac définit sa conception de la cohabitation, qui consiste à servir « ensemble des intérêts et des valeurs qui nous dépassent, qui nous unissent et qui sont tout simplement les idéaux de la République, au premier rang desquels l'égalité des chances, la morale civique et la vertu républicaine ». Il indique les limites de son « domaine réservé » qui comprend la préservation du « rang » de la France dans le monde, la sauvegarde des « acquis européens », le combat pour entrer dans l'« ère des hautes technologies » et la garantie de « la solidarité [et de] la cohésion et donc [du] système de protection sociale ».

Le 10, les groupes parlementaires socialiste, communiste, radical-citoyen-vert, R.P.R. et U.D.F. élisent respectivement à leur présidence Jean-Marc Ayrault, Alain Bocquet, Michel Crépeau, Philippe Séguin et François Bayrou (Force démocrate).

Le 12, l'Assemblée nationale élit à sa présidence, au second tour, Laurent Fabius (P.S.), déjà titulaire de ce poste entre juin 1988 et janvier 1992.

Le 19, l'Assemblée nationale approuve la déclaration de politique générale sur laquelle Lionel Jospin avait engagé la responsabilité de son gouvernement. Dans le cadre du « pacte républicain » et du « pacte de développement et de solidarité » qu'il propose de conclure avec les Français, le Premier ministre annonce la réalisation, sans « pause, ni recul, ni reniement », du programme présenté durant la campagne en matière de modernisation de la démocratie et de conciliation des impératifs économiques et sociaux. Lionel Jospin annonce notamment que le S.M.I.C. sera augmenté de 4 p. 100 au 1er juillet et que l'allocation de rentrée scolaire sera portée de 420 à 1 600 francs. Il indique que les allocations familiales seront placées sous condition de ressources. Il confirme la fermeture du surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère) et l'abandon du projet de canal à grand gabarit Rhin-Rhône. Les résultats d'un audit des comptes publics, attendus pour juillet, doivent permettre d'élaborer un collectif budgétaire pour l'automne. Les mesures nouvelles doivent être financées par le biais de redéploiement des dépenses.

— Universalis

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