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1er-16 juin 2020

États-Unis. Développement du mouvement de contestation du racisme et des violences policières

Le 1er, la police disperse violemment un rassemblement pacifique du mouvement Black Lives Matter (« Les vies noires comptent ») devant la Maison-Blanche à Washington, afin de permettre au président Donald Trump de se livrer à une séance photos devant l’église St. John’s, qui avait subi des dommages mineurs lors de la manifestation de la veille. Depuis la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota) en mai, les grandes villes du pays sont le théâtre de manifestations contre le racisme et les violences policières, parfois accompagnées de déprédations et de pillages. Une Bible à la main, entouré du conseiller à la Défense nationale, du secrétaire à la Défense et de l’attorney general, Donald Trump se présente en « président de la loi et de l’ordre », reprenant une expression du président Richard Nixon lors des troubles raciaux de 1968. Le président, qui a mis en demeure les gouverneurs de réprimer sévèrement les manifestations, dénonce un « terrorisme intérieur » et menace de « déployer l’armée » contre les manifestants. Certains gouverneurs prendront leur distance avec l’approche exclusivement sécuritaire de la crise par le président. De leur côté, des centaines de policiers et de soldats de la garde nationale expriment leur solidarité avec les manifestants en mettant un genou à terre ou en ralliant les marches de protestation.

Le 2, l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, candidat à l’élection présidentielle de novembre, estime, dans un discours à Philadelphie, que « le moment est venu pour notre pays de s’attaquer au racisme institutionnel ».

Le 3, le chef d’accusation visant le policier Derek Chauvin, qui a provoqué la mort de George Floyd, est requalifié en « meurtre au second degré » – c’est-à-dire non prémédité. Les trois policiers qui l’accompagnaient sont inculpés pour complicité et incarcérés. Ces mises en accusation feront retomber la tension dans le pays où les manifestations pacifiques se poursuivent toutefois.

Le 3 également, dans une visioconférence retransmise sur Internet, l’ancien président démocrate Barack Obama félicite les jeunes protestataires noirs d’avoir « réveillé » le pays.

Le 3 toujours, le secrétaire à la Défense Mark Esper, tout comme son prédécesseur James Mattis, dénonce le recours à l’armée contre les manifestants prôné par Donald Trump.

Le 7, les autorités de Minneapolis annoncent l’engagement du processus de démantèlement de la police de la ville, tandis que se répand dans les manifestations le slogan Defund the police – « Couper les vivres à la police ». Des mesures de réduction des crédits de la police au profit des services sociaux seront adoptées par les municipalités de New York, Los Angeles et d’autres grandes villes du pays, qui décident également de réformer les techniques de maintien de l’ordre.

Le 10, des statues de Christophe Colomb sont dégradées à Boston (Massachusetts) et à Richmond (Virginie), en lien avec les revendications du mouvement Black Lives Matter. Les déboulonnages de statues de personnalités esclavagistes ou colonialistes se multiplieront, aux États-Unis comme en Europe. Le même jour, la plateforme de streaming HBO Max retire de son catalogue le film Autant en emporte le vent (1939) de Victor Fleming, qui met en scène un Sud esclavagiste idéalisé.

Le 12, un policier tue par balles un jeune homme noir, Rayshard Brooks, qu’il tentait d’interpeller, à Atlanta (Georgie). Le lendemain, le policier est limogé et la chef de la police de la ville présente sa démission.

Le 16, Donald Trump signe un décret interdisant aux policiers de pratiquer des prises d’étranglement, dans le cadre d’une réforme limitée des forces de police.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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