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15-31 août 1988

Pologne. Nouvelle épreuve de force entre le pouvoir et Solidarność

Le 15, trois mille à quatre mille mineurs de charbon de Jastrzebie (Haute-Silésie) se mettent en grève. Ils réclament la légalisation de Solidarność et une augmentation de 50 p. 100 de leurs salaires.

À partir du 17, le mouvement s'étend à d'autres centres miniers, tandis que plusieurs centaines de dockers arrêtent le travail dans le port de Szczecin sur la mer Baltique. Les forces de sécurité encerclent les lieux de travail occupés par les grévistes, empêchant ceux-ci de recevoir tout ravitaillement.

Le 19, au cours d'un meeting tenu dans les chantiers navals de Gdańsk, Lech Wałęsa menace de rejoindre la grève si le pouvoir ne légalise pas Solidarność. Le jour même, le Conseil des ministres rejette cette revendication, la qualifiant d'« irréaliste ».

Le 22, la grève est décrétée aux chantiers navals de Gdańsk, immédiatement isolés par les zomos, unités antiémeutes polonaises. Cette décision donne un tour nouveau à la crise sociale, la transformant en un affrontement direct entre Solidarność et le pouvoir qui réagit le jour même par la force en imposant un couvre-feu dans les zones en grève.

Le 23, le pouvoir rejette la proposition de négociation faite par Lech Wałęsa, qui réclame des solutions politiques, « seules susceptibles » de dénouer la crise.

Les 27 et 28, alors que le gouvernement a réussi à circonscrire l'extension des grèves, le P.C. polonais (P.O.U.P.), réuni en plénum extraordinaire, entérine la proposition du ministre de l'Intérieur d'entamer un dialogue avec l'opposition, mais en réaffirmant le préalable d'un refus de légaliser Solidarność.

Le 31, huit ans jour pour jour après la signature des accords de Gdańsk qui, pour la première fois dans un pays socialiste, reconnaissaient l'existence d'un syndicat indépendant, Lech Wałęsa se rend à Varsovie où il est reçu par le ministre de l'Intérieur, le général Kiszczak. L'entretien dure trois heures et se déroule en présence d'un « observateur » de l'épiscopat, qui a servi d'intermédiaire dans cette reprise du dialogue. Il se conclut par la promesse des autorités de discuter de la question du pluralisme syndical au cours d'une « table ronde » à venir. Fort de cette concession, Lech Wałęsa rend compte de l'entrevue la nuit même aux travailleurs des chantiers navals de Gdańsk, qui acceptent de reprendre le travail dès le lendemain, ainsi que la plupart des autres grévistes.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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