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15-30 septembre 1994

Haïti. Accord sur le départ de la junte et opération militaire américaine

Le 15, dans une allocution télévisée, le président américain Bill Clinton adresse un dernier avertissement à la junte de Port-au-Prince, la menaçant d'une intervention militaire si elle ne quitte pas le pouvoir, en application de la résolution 940 du Conseil de sécurité de l'O.N.U., adoptée en juillet. Il justifie une éventuelle opération armée aux yeux de son opinion publique et du Congrès, qui la désapprouvent, en affirmant que « préserver la démocratie dans [son] hémisphère renforce la prospérité et la sécurité de l'Amérique ». Dans le même temps, les États-Unis achèvent leur forte concentration de troupes au large d'Haïti.

Le 16, Bill Clinton charge l'ancien président Jimmy Carter d'une ultime mission de négociations auprès de la junte haïtienne, dirigée par le général Raoul Cédras, le général Philippe Biamby et le lieutenant-colonel Michel François.

Le 18, alors que les forces aéroportées ont déjà décollé de leur base de Caroline du Nord, la junte accepte le compromis proposé par Jimmy Carter. Le texte prévoit principalement : le « départ en retraite anticipé et honorable » de « certains officiers militaires des forces armées haïtiennes » avant le 15 octobre ; le vote d'une loi d'amnistie par le Parlement haïtien ; une « étroite coopération » entre les forces policières et militaires haïtiennes et la mission militaire des États-Unis durant « la période transitoire nécessaire pour assurer le fonctionnement des institutions vitales du pays » ; enfin, la levée des sanctions économiques. Les partisans du président élu Jean-Bertrand Aristide, renversé en septembre 1991, jugent l'accord trop favorable à la junte.

Le 19, les premiers contingents de l'opération américaine Soutenir la démocratie, qui doit compter 15 000 hommes au total et durer plusieurs mois, débarquent pacifiquement en Haïti.

Le 20, une manifestation de partisans du président Aristide, à Port-au-Prince, est violemment réprimée par les forces de l'ordre sans que les soldats américains interviennent. Le lendemain, le président Clinton adresse une mise en garde à la police et à l'armée haïtiennes.

Le 21, le président Aristide exprime finalement ses remerciements au « peuple » américain. Il annonce son retour en Haïti avant le 15 octobre.

Le 24, dix policiers haïtiens sont tués dans une fusillade avec des militaires américains, à Cap-Haïtien.

Le 28, le Parlement se réunit à la demande du président Aristide pour une session extraordinaire consacrée au vote de la loi d'amnistie.

Le 29, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 944, qui prévoit, dès le retour du président Aristide, la levée des sanctions économiques imposées à Haïti en juin 1993 et en mai 1994.

Les 29 et 30, dix partisans de Jean-Bertrand Aristide sont tués dans un attentat et lors de la répression d'une manifestation.

— Universalis

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