Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

15-22 mai 1991

France. Édith Cresson première femme Premier ministre

Le 15, après la réunion du Conseil des ministres, Michel Rocard présente, à la demande du président de la République, la démission du gouvernement qu'il préside depuis le 10 mai 1988. François Mitterrand assure, dans la lettre qu'il adresse à Michel Rocard, que la vie publique lui offrira « d'autres occasions de servir la France ». Il nomme à sa place Édith Cresson, ancien ministre socialiste des Affaires européennes, qui avait démissionné en octobre 1990. Elle devient ainsi la première femme Premier ministre en France. Le chef de l'État justifie ce changement par la nécessité de préparer la France à « l'objectif 93 » : le grand marché européen. Cette nomination est bien accueillie par le P.S. et les mouvements féministes, tandis que Pierre Méhaignerie dénonce, au nom des centristes, « le sectarisme » et « l'intolérance » du nouveau Premier ministre et que le Parti communiste se déclare disposé à soutenir le gouvernement s'il mène une « politique de gauche ».

Le 16, jour de la passation des pouvoirs à Matignon, la liste des ministres est rendue publique. Elle comprend vingt-neuf portefeuilles (contre 32 au sortant), dont cinq ministres d'État (Éducation : Lionel Jospin ; Économie et Finances : Pierre Bérégovoy ; Affaires étrangères : Roland Dumas ; Fonction publique : Jean-Pierre Soisson ; Ville et Aménagement du territoire : Michel Delebarre), quatorze ministres et dix ministres délégués. Le nouveau gouvernement est caractérisé par le rattachement, « à la japonaise », sous la houlette du ministère de l'Économie, de quatre ministres délégués : Budget (Michel Charasse), Industrie et Commerce extérieur (Dominique Strauss-Kahn), Commerce et Artisanat (François Doubin), Poste et Télécommunications (Jean-Marie Rausch). Outre Dominique Strauss-Kahn, il y a quatre nouveaux venus : Jean-Louis Bianco, qui quitte le secrétariat général de la présidence de la République pour les Affaires sociales et l'Intégration ; Frédérique Bredin, à la Jeunesse et aux Sports ; Martine Aubry, au Travail ; et Michel Sapin, délégué à la Justice. Onze postes ne changent pas de titulaires, mais quatre représentants de l'ouverture ne figurent plus dans l'équipe gouvernementale, et les rocardiens sont désormais marginalisés.

Le 17, la nomination de seize secrétaires d'État porte à quarante-cinq le nombre des membres du gouvernement, dont sept femmes. Parmi les arrivants, le plus remarqué est sans doute Kofi Yamgnane, maire noir du village breton de Saint-Coulitz (Finistère), chargé de l'Intégration auprès de Jean-Louis Bianco. François Mitterrand demande au nouveau gouvernement de montrer son « homogénéité » et son « autorité ».

Le 22, le Premier ministre fait devant l'Assemblée nationale une déclaration de politique générale, passant en revue, d'une manière jugée un peu terne, ses intentions dans tous les secteurs où s'exercera l'action gouvernementale. Elle insiste sur « l'effort sans précédent » qui sera fait en faveur de l'orientation des jeunes, sur les ouvertures que donne à l'industrie une meilleure prise en compte des exigences écologiques et déclare vouloir doubler, d'ici à 1993, le nombre des ingénieurs.

— Universalis

Événements précédents