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13-28 juin 1990

Roumanie. Répression sanglante à Bucarest

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Le 13, à l'aube, les forces de l'ordre chassent brutalement de la place de l'Université les contestataires – grévistes de la faim, étudiants dénonçant la présence de communistes au pouvoir, tous qualifiés de golans (voyous) par le président Ion Iliescu – qui y campent depuis le 22 avril. De nombreux manifestants, jeunes pour la plupart, sont blessés, et deux cent soixante-trois personnes sont appréhendées. Dans la journée, de nouveaux manifestants investissent la place, tandis que plusieurs milliers de personnes prennent d'assaut l'immeuble de la télévision. Le soir même, Ion Iliescu dénonce « un coup d'État fasciste » après avoir appelé à la rescousse « les personnes conscientes et responsables ». Toute la nuit, des affrontements ont lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, qui font usage de leurs armes : le bilan officiel fait état de six morts.

Le 14, répondant à l'appel lancé la veille, plusieurs milliers de mineurs arrivent à Bucarest par trains spéciaux. Pendant deux jours, ils font régner la terreur dans la ville qu'ils parcourent, en frappant sauvagement tous ceux qui leur paraissent suspects. Les sièges des deux partis d'opposition, le Parti libéral et le Parti paysan, sont saccagés, et des équipes de télévision étrangères sont également victimes de ces ratonnades qui ramènent la capitale aux pires heures du régime renversé en décembre 1989.

Le 15, l'ordre règne à Bucarest, et le président Iliescu remercie, avant de les renvoyer vers leurs puits, les mineurs à qui il exprime sa « reconnaissance » pour avoir réprimé des troubles fomentés par les « forces de droite de l'étranger ». L'image du régime roumain sort singulièrement ternie de ces journées de violence.

Le 20, l'investiture officielle du président Ion Iliescu, élu triomphalement un mois plus tôt, est boycottée par les diplomates américains.

Le 28, Petre Roman, Premier ministre sortant, présente son nouveau gouvernement, composé de vingt-trois membres, pour la plupart jeunes technocrates non compromis avec l'ancien régime. Annonçant son programme devant le Parlement, Petre Roman met l'accent sur la politique économique, qu'il affirme devoir être libérale et privatisée.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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