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16-28 décembre 1989

Roumanie. Renversement de la dictature de Nicolae Ceauşescu

Le 16, un mois après la réélection à l'unanimité de Nicolae Ceauşescu à la tête du Parti communiste roumain qu'il dirige depuis 1965, plusieurs milliers de personnes manifestent contre le régime à Timişoara, ville située près de la frontière hongroise. À l'origine, elles s'étaient rassemblées afin de défendre le pasteur Laszlo Toekes, menacé de déportation pour avoir pris la défense de la minorité hongroise. Selon la radio hongroise, seule source d'information, cette manifestation ainsi que celles des jours suivants à Timişoara et dans la ville voisine d'Arad sont réprimées avec la plus extrême brutalité.

Le 18, tandis que le Conducator s'envole vers l'Iran pour une visite officielle, les témoignages commencent à évoquer un véritable « massacre » dans les villes transylvaniennes.

Le 20, l'état d'urgence est proclamé dans la région de Timişoara. Rentré de Téhéran, le « Génie des Carpates » justifie, dans une allocution radiodiffusée, l'intervention des forces de l'ordre, destinée à riposter contre les « groupes fascistes et antinationaux ».

Le 21, au cours d'un rassemblement officiel à Bucarest, la foule conspue Nicolae Ceauşescu alors qu'il prononce un discours. Les agents de la Securitate (police politique) tirent sur les manifestants, tandis que les chars en écrasent d'autres, faisant de nombreux morts.

Le 22, l'état d'urgence est décrété sur l'ensemble du territoire roumain. Mais, à Bucarest, l'armée fraternise avec les opposants au régime, qui prennent d'assaut l'immeuble de la télévision officielle, d'où le poète dissident Mircea Dinescu annonce, à 13 h 5 min, que « Nicolae Ceauşescu est parti ». Il est remplacé par un Conseil du front de salut national (C.F.S.N.) : composé de dissidents, de militaires, mais aussi de nombreux membres du Parti communiste écartés par l'ancien dirigeant, il est mené par Ion Iliescu, ancien secrétaire du comité central du P.C.R. limogé en 1971.

Du 22 au 25, de violents combats opposent l'armée, ralliée au nouveau pouvoir, aux troupes de la Securitate, fidèle au dictateur, en particulier à Bucarest, autour de l'immeuble de la télévision, seul contact entre les insurgés et le monde, et du palais présidentiel. Ils font de nombreuses victimes, dont le journaliste français Jean-Louis Calderon.

Le 25, Nicolae et Elena Ceauşescu sont exécutés après un procès expéditif dont d'importants extraits sont diffusés par la télévision les 26 et 27.

Le 26, le retour au calme se confirme, tandis que les premiers secours internationaux arrivent sur l'aéroport réouvert. La sympathie internationale est générale à l'égard de la révolution roumaine. Cependant, les estimations les plus diverses circulent sur le nombre des victimes des combats : la radio hongroise l'évalue à soixante-dix mille, mais la Croix-Rouge estimera, au début de janvier, qu'il se situe autour de dix mille.

Les 27 et 28, le C.F.S.N., qui tient sa première réunion plénière, adopte une série de mesures d'urgence et annonce qu'il assurera la direction du pays jusqu'aux élections libres, qui sont fixées en avril 1990 et auxquelles il annonce son intention de participer. Mais les nouveaux dirigeants commencent à être critiqués en raison du maintien en place de trop nombreux responsables du pouvoir déchu.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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